- Sens : échapper à un danger pour en rencontrer un encore plus grave…
- Synonyme : aller de mal en pis.
Provenance de l’expression : À l’origine, la mythologie grecque…
Charybde est la fille de Poséidon, dieu de la mer et des océans, et de Gaïa, déesse des origines. Perpétuellement affamée, elle dévore un jour le bétail d’Héraclès, qui la punit en l’envoyant au fond d’un détroit formé par un bras de mer.
Non loin de là, vit Scylla : une nymphe dont Glaucos, divinité marine, est follement amoureux. Cet amour n’étant pas réciproque, Glaucos commande à la magicienne Circé un philtre d’amour, mais elle-même étant amoureuse de Glaucos et terriblement jalouse de Scylla, change la nymphe en un monstre terrifiant.
Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse, de retour de la guerre de Troie et malmené par Zeus dont il a blessé l’un des fils, le cyclope Polyphème, tente de rejoindre sa partie, Ithaque, avec son équipage. Après un séjour prolongé chez la magicienne Circé, Ulysse reprend la route qui doit le conduire à affronter deux écueils : une sombre caverne nichée dans une immense roche aux parois inabordables, au creux de laquelle vit Scylla, monstre au cri retentissant, et un tourbillon mortel provoqué par Charybde, qui gît dans les profondeurs marines et se mue en un mouvement ascendant et descendant par mouvements de spirales.
Ulysse parvient à se glisser entre les deux dangers, mais perd néanmoins 6 membres de son équipage, déjà décimé par l’épisode des Sirènes, lesquels seront dévorés par Scylla.
Explication et emploi
Situés dans le détroit de Messine, entre l’Italie et la Sicile, ces deux dangers sont, dès l’Antiquité, particulièrement redoutés par les marins : le flot tourbillonnant et l’insurmontable récif dressé jusqu’au ciel. Se pose alors la terrible alternative : passer par Charybde ou par Scylla… Un bien cruel dilemme au final car, essayant d’échapper au premier, les marins allaient s’écraser sur le second.
L’expression « tomber de Charybde en Scylla » est employée, dans cette forme, à partir du XIVe siècle seulement, et pour la première fois par Jean de la Fontaine dans sa fable : « La vieille et les deux servantes » (V, 5). Le fabuliste y conte l’histoire de deux servantes qui, lassées d’être dérangées par le coq de bon matin, finissent par égorger l’animal. Or, à partir de là, leur maîtresse ne cesse de les déranger à toute heure de la nuit, de crainte de laisser passer l’heure du réveil…
Info bonus : Pour prononcer correctement : le nom « Charybde » se prononce ka-rib (le d reste muet) et le nom Scylla : si-la. Il faut donc prononcer ainsi l’expression : « tomber de ka-rib-en-si-la ».