Cette peinture de taille monumentale exécutée en noir et blanc est une huile sur toile de style cubiste réalisée par le peintre espagnol Pablo Picasso entre mai et juin 1937 à Paris. Ce tableau, que le peintre a voulu comme une immense fresque compréhensible par tous, est l’un des plus connus au monde. Depuis 1992, il est conservé au musée de la Reine Sofia à Madrid. Il a été réalisé, à l’origine, pour le pavillon espagnol de l’Exposition universelle internationale de Paris en 1937, sur une demande du gouvernement espagnol.
« La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements, c’est un instrument de guerre offensif et défensif contre l’ennemi. » Picasso
Thème de l’œuvre
À travers cette toile, Picasso dénonce le bombardement de la ville de Guernica qui vient de se produire, lors de la guerre d’Espagne, en avril 1937, ordonné par les nationalistes espagnols et exécuté par des troupes allemandes nazies et fascistes italiennes.
Entre 1937 et 1939, le tableau de Picasso est exposé dans de nombreux pays : il acquiert ainsi rapidement une grande renommée et une portée politique internationale. Dénonçant les horreurs de ce bombardement et de la guerre d’Espagne, il devient un symbole de la dénonciation de la violence franquiste et fasciste, puis de l’horreur de la guerre en général.
Composition de l’œuvre
Le tableau est organisé comme un triptyque dont les principales lignes de force forment latéralement des verticales et un triangle central. La base de ce triangle est une ligne formée de masses blanches équilibrées : à gauche, un soldat démembré, avec une épée brisée, symbolise la mort ; au milieu, se dresse une fleur, symbole de la vie renaissant de la mort ; à droite, une femme se tient dans l’embrasure de la porte et fixe la lampe symbolisant l’espoir dans la « nuit » du bombardement.
La figure centrale du tableau est un cheval hennissant, horrifié, dont le corps est transpercé par une lance au niveau du flanc.
À gauche, une femme porte son enfant mort dans ses bras et hurle de douleur, la tête rejetée en arrière et la bouche levée vers le ciel comme pour y adresser sa plainte. Près d’elle, le taureau, figure impassible, représente l’Espagne dans toute sa force et sa cruauté.
Info bonus : Durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il habitait à Paris, Picasso reçut la visite d’Otto Abetz, l’ambassadeur nazi. Devant une photo de la toile de Guernica (alors conservée au MoMA à New York), celui-ci lui aurait demandé : « C’est vous qui avez fait cela ? », ce à quoi le peintre lui aurait répondu : « Non… vous ! »