Le surréalisme est un mouvement littéraire et artistique né dans l’entre-deux-guerres. Tandis que le XIXe siècle et le commencement du XXe siècle sont une période d’optimisme grâce aux nombreux progrès scientifiques et techniques, la Première Guerre mondiale plonge les sociétés, et notamment les artistes, dans une faillite civilisationnelle. En effet, la Grande Guerre a été un véritable traumatisme du fait de son extrême violence et de l’utilisation des avancées scientifiques à des fins de mort. Toutes valeurs morales, politiques et culturelles sont balayées par cette barbare boucherie. Nombre d’artistes de l’entre-deux-guerres sont appelés au front. Ainsi, le surréalisme naît de la volonté de remettre en question l’ordre social, la marche du monde, et de s’affranchir de toutes les règles qui n’ont alors plus aucun sens puisqu’elles n’ont pas protégé le monde de cette guerre d’un nouveau genre.

Afin de s’affranchir de la réalité, les surréalistes trouvent l’inspiration dans le monde de l’inconscient, du rêve. Ils mêlent alors mémoire et imagination pour créer des œuvres qui rapprochent des réalités éloignées, des objets, des idées, des mots qui de prime abord n’ont rien à faire ensemble. Ils créent de nouveaux processus artistiques, dans lequel le temps n’est plus à la réflexion mais à l’écriture automatique rapide.

Deux exemples célèbres pour comprendre ce qu’est le surréalisme 

  1. En 1929, Paul Éluard débute le septième poème de son recueil L’amour la poésie par « La terre est bleue comme une orange » : il associe ici la terre et l’orange dans une comparaison qui peut paraître absurde en premier lieu. Cependant, on y voit une association logique autour de l’aspect sphérique, mais aussi l’orange comme fruit représentant la richesse et la vie apporte une idée de paradis à la terre où le bleu peut être celui de l’eau comme celui du ciel, ramenant alors à la vie ou au paradis. Les interprétations de ce vers peuvent être nombreuses par le rapprochement de ces deux objets qui en crée une sorte de réalité supérieure, onirique.
  2. Dans le Violon d’Ingres de Man Ray (1924), l’artiste associe la photographie d’une femme dénudée (la célèbre Kiki de Montparnasse) de dos au dessin à l’encre de Chine des deux ouïes d’un violon. L’expression « violon d’Ingres » vient du peintre Auguste-Dominique Ingres qui avait pour passion le violon, faisant de cette expression un synonyme de passion, hobby. Kiki est à ce moment-là la muse de Man Ray, son inspiration. Ainsi l’auteur associe dans ce tableau la femme, le violon et le titre afin de montrer sa passion pour les femmes.

Le surréalisme se veut également être un engagement politique. Les artistes qui intègrent ce mouvement prônent le pacifisme tant ils ont été marqués par la guerre 14-18, mais le mouvement se veut révolutionnaire, multipliant les attaques contre les institutions et l’ordre bourgeois. Le rapprochement du surréalisme avec le communisme crée néanmoins des scissions au sein du groupe.

La Seconde Guerre mondiale marque l’éclatement de ce collectif, certains s’engageant au service de la Résistance, d’autres choisissant l’exil, refusant de prendre part à ce temps de guerre. La mort d’André Breton en 1966 met définitivement fin à l’art et à la pensée surréalistes.