La révolution qui éclate à Saint-Domingue est la seule révolte d’esclaves de l’Histoire qui ait réussi. Elle éclate dans la nuit du 22 au 23 août 1791.

Avant la Révolution française, Saint-Domingue est la plus prospère des colonies françaises d'outre-mer grâce à ses plantations de café et de canne à sucre et à ses nombreux esclaves. Elle compte près de 600 000 habitants dont 500 000 esclaves soumis au Code noir. Elle compte aussi 40 000 affranchis, en majorité des mulâtres, qui n’ont pas autant de droit que les colons blancs (ils ne peuvent pas porter l’épée ni se faire appeler « monsieur ») mais affichent une certaine prospérité. Ils possèdent même 25 à 33% des esclaves de l’île. 

A la veille de la Révolution, les esclaves représentent 90% de la population. Ce rapport de force va être décisif. Le 15 mai 1791, l’Assemblée Nationale accorde le droit de vote à certains mulâtres. Cette mesure inquiète les colons blancs sans satisfaire les mulâtres qui réclament, comme Vincent Ogé, la pleine égalité de droits.

Code noir : texte juridique autorisant l’esclavage dans les colonies françaises et établissant les règles applicables aux esclaves (droits et obligations).

Mulâtres : métis né de parents blanc et noir.

La situation devient insurrectionnelle dans la nuit du 22 au 23 août 1791. Des nègres marrons (des esclaves qui ont fui les plantations, réfugiés dans les forêts) revendiquent l'abolition de l'esclavage et lancent une révolte : ils détruisent des centaines de sucreries et de plantations de café. Ils massacrent des blancs par centaines sous la direction de Boukman, un prêtre vaudou. Cette insurrection reçoit le soutien des affranchis. 

Le 28 mars 1792, la nouvelle assemblée législative proclame l’égalité de droits entre tous les hommes libres de l’île. Cette mesure arrive cependant trop tard pour calmer la colère. En 1793, l’Espagne, qui occupe déjà la partie orientale de l’île, propose son aide aux insurgés en échange de la liberté générale. Toussaint Louverture est un cocher de 48 ans affranchi 15 ans plus tôt. Il est propriétaire de 13 hectares et 20 esclaves. Il a participé à l’insurrection et montré ses talents militaires. Il accepte l’offre espagnole. Toussaint Louverture est nommé lieutenant et mis à la tête de 4000 hommes. Il enchaîne les victoires.

Paris voit dans cette insurrection une menée contre-révolutionnaire et envoie un corps expéditionnaire de 6000 soldats avec deux commissaires à leur tête, Sonthonax et Polverel. 

Devant la résistance des insurgés, les commissaires décident d'affranchir les esclaves fidèles à la République en juin 1793 puis décident un affranchissement général le 29 août 1793. Des planteurs blancs appellent alors les Anglais à leur secours. En mai 1794, 7000 soldats anglais débarquent et s’emparent de Port-au-Prince. Devant le manque d’aide des Espagnols, Toussaint Louverture rejoint le camp des révolutionnaires le 18 mai 1794. En 1798, après de nombreuses manœuvres politiques et militaires, il reçoit la reddition des Anglais au nom de la République française.

A la tête du gouvernement de l’île, il entreprend de rassurer les planteurs par un décret de 1800 obligeant les noirs libérés à travailler comme salariés dans les plantations. Devant la méfiance de Napoléon et le rétablissement d’une législation spéciale pour les colonies, Toussaint Louverture proclame l’indépendance de Saint-Domingue et en devient Gouverneur général à vie. Napoléon envoie un corps expéditionnaire. Toussaint Louverture est arrêté et emprisonné en France où il meurt en 1803. Dessalines, un de ses hommes, proclame l’indépendance de Saint-Domingue en 1804.