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La France depuis 1939

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La France dans la guerre, entre collaboration et résistance

Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain demande l’armistice à l’Allemagne. Il est signé le 22 juin à Rethondes, dans le même  wagon que la Première Guerre mondiale.

Entre temps, le général de Gaulle a gagné Londres et lance à la BBC (radio britannique) son célèbre appel à résister le 18 juin. Bien qu’il ait été peu entendu, de nombreux résistants le rejoignent. Il organise la France Libre depuis Londres et certaines colonies restées fidèles (notamment en Afrique).

Les Forces Françaises Libres constituent la résistance extérieure. Sur le sol français, le régime de Vichy (ou État français), organise la collaboration en vue d’adoucir le sort des Français ; cela reste symbolisé par l’entrevue et la poignée de mains de Montoire entre Pétain et Hitler en octobre.

La Milice (équivalent français de la Gestapo) traque alors les juifs (rafle du Vel d’Hiv à Paris en juillet 1942) et les résistants, dont beaucoup sont fusillés (notamment des communistes).

Une résistance intérieure s’organise dans les maquis, distribuant des tracts et organisant des sabotages notamment ferroviaires.

Les Forces Françaises de l’Intérieur se structurent à partir de 1942 autour de Jean Moulin, ancien préfet envoyé par de Gaulle sur le sol français. En dépit d’un soutien d’une partie de la population, cette dernière reste largement attentiste.

La France, un moteur de la construction européenne

Pour éviter une nouvelle guerre, la France se réconcilie avec l’Allemagne et s’engage dans la construction européenne.

La déclaration Schuman du 9 mai (aujourd’hui journée de l’Europe) 1950, du nom de son orateur (un des pères fondateurs de la construction européenne, avec Jean Monnet), pose les bases de la Communauté Économique du Charbon de l’Acier créée l’année suivante.

Les 6 membres fondateurs (France, RFA, Italie et Benelux) approfondissent leur coopération dès 1957 avec les traités de Rome qui instituent la Communauté Économique Européenne.

Cependant, de Gaulle privilégie une Europe des peuples et des nations et refuse tout important transfert de souveraineté (ex : l’Europe de la Défense ne voit pas le jour). En outre, il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE, le considérant comme le « cheval de Troie » des États-Unis. Ce dernier adhère finalement en 1973, sous la présidence de Georges Pompidou, au côté du Danemark et de l’Irlande (1er élargissement de la CEE). Cette même année est mise en place l’Agence Spatiale Européenne (première fusée lancée en 1979).

La difficulté à peser à l’échelle mondiale dans un contexte de décolonisation

Au lendemain de la guerre, la France reste le deuxième empire colonial. Mais très vite, ses colonies prennent leur indépendance : mandats du Proche-Orient dès 1946 (Liban, Syrie), Indochine en Asie suite à une guerre (1946-1954) et elle se termine par l’Afrique du Nord puis subsaharienne entre la fin des années 1950 et le début des années 1960.

Les vieilles colonies, qui datent du XVIIe siècle, sont pour la plupart décolonisées par assimilation et intégration à la (IVe) République dès 1946 (Guyane, Guadeloupe, Martinique et Réunion deviennent les Départements d’Outre-Mer).

L’Algérie, divisée en 3 départements depuis 1848, est un cas à part : colonie de peuplement, avec 1 million de « pieds-noirs », elle connaît une violente guerre qui commence avec le massacre de Toussaint Rouge le 1er novembre 1954.

L’envoi du contingent traumatise la France. La IVe République s’embourbe et chute : René Coty, son président, rappelle de Gaulle au pouvoir en 1958, à l’issue de sa « traversée du désert » durant les 12 années que dure la IVe République (1946-1958). Le nouveau président du Conseil exige de pouvoir modifier la Constitution.

De Gaulle met fin au conflit par les Accords d’Évian qui permettent en 1962 l’indépendance de l’Algérie, au grand dam de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète, composée de pieds noirs, colons européens majoritairement hostiles à l’indépendance).

La « nostalgérie » perdure dans un contexte où le régime de De Gaulle censure les « évènements d’Algérie » et cherche à unifier le pays autour d’une politique de grandeur nationale (arme nucléaire en 1960, retrait du commandement intégré de l’OTAN en 1966 pour éviter la dépendance aux États-Unis).

Une France qui réforme ses institutions et ouvre son économie

Le nouveau régime, la Ve République (1958-), est un régime présidentiel, pour combattre le « régime des partis » et la « valse des ministères » dénoncés par de Gaulle (la IVe République, régime parlementaire, était marquée par son instabilité, avec 22 gouvernements en 12 ans).

Pour renforcer la légitimité du président de la République, de Gaulle fait modifier dès 1962 la constitution afin qu'il soit élu au suffrage universel direct.

La présidentialisation du régime est critiquée : Pierre-Mendès France refuse de voter l’investiture de De Gaulle en 1958 et François Mitterrand dénonce en 1964 Le coup d’État permanent.

Sur le plan économique, la IVe République (dont le 1er parti est le PCF), avait mis en place un État-providence renforcé : planification (Commissariat Général au Plan), nationalisations, salaire minimum (1950), 3e semaine de congés payés (1956). La croissance économique est portée par le contexte des « Trente Glorieuses » (Jean Fourastié), favorisant le recours à l’immigration.

La Ve République de De Gaulle bascule à droite mais reste interventionniste : DATAR créée pour l’aménagement (1963), nucléaire civil, le Concorde (1962-69), TGV (1969-1981). L’économie s’ouvre progressivement.

Les débuts de l’alternance et la première cohabitation

En 1974, Valéry Giscard d’Estaing devient le premier président non gaulliste (centre droit) de la Ve République. Il incarne une première alternance mais aussi un renouveau et un rajeunissement de la classe politique (il est élu à 48 ans).

Dès 1974, il abaisse l’âge de la majorité de 21 à 18 ans. En 1981, il est battu par François Mitterrand, lors d’une « vague rose », portée par les jeunes.

Le Parti Socialiste fait abolir dès 1981, avec le garde des sceaux Robert Badinter, la peine de mort, malgré l’opposition de 60 % des Français. L’âge de la retraite est baissé de 65 à 60 ans ; des entreprises sont nationalisées, une 5e semaine de congés payés est octroyée.

Très vite le contexte économique change, avec la fin des Trente Glorieuses. C’est le « tournant de la rigueur » de 1983. Cela entraîne une défiance vis-à-vis du politique : montée de l’abstention et des extrêmes (le Front national, créé en 1972, obtient 35 députés en 1986, grâce à l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives).

Lors de ces mêmes élections, François Mitterrand perd sa majorité : la droite devient majoritaire et Jacques Chirac est nommé premier ministre ; c’est la première cohabitation, qui dure jusqu’en 1988. Elle pousse à une redéfinition des prérogatives entre président (diplomatie, défense, représentation de l’État) et premier ministre (politique intérieure).

De nouveaux droits pour les femmes et une immigration remise en question

En 1975 la législation de l’Interruption Volontaire de Grossesse (loi Veil) s’inscrit dans la continuité de la loi Neuwirth de 1967 qui autorisait la contraception, donnant ainsi aux femmes la possibilité de disposer de leur corps.

En 1975 également, le divorce par consentement mutuel devient possible.

La découverte du Virus d’Immunodéficience Humaine (VIH, responsable du SIDA) par le professeur Luc Montagnier en 1983 remet en cause la libération sexuelle amorcée en mai 1968 ; des campagnes de prévention s’ensuivent, ainsi que des politiques de lutte pour l’intégration des malades.

Dans le même temps, l’immigration devient un enjeu politique majeur. Avec la fin du plein-emploi, les conditions d’immigration sont durcies dès 1974 ; en 1976, le regroupement familial facilite la venue des familles des immigrés déjà présents sur le sol français.

L’intégration de la deuxième génération pose problème : marginalisés dans des banlieues défraîchies, ses membres protestent notamment lors de la Marche des Beurs partie de Vénissieux (près de Lyon) en 1983.

La massification de l’enseignement et d’une culture populaire

L’explosion de 1968 était liée à l’incapacité des universités à accueillir l’ensemble des étudiants issus du baby-boom, d’autant plus dans un contexte d’accès aux études supérieures devenu massif pour les filles.

La création d’antennes universitaires permet de pallier ce déficit.

Le secondaire est quant à lui réorganisé par la loi Haby de 1975 qui établit le collège unique et l’instauration en 1985 d’un bac professionnel pour atteindre l’objectif fixé par J.-P. Chevènement (ministre de l’Éducation) : « 80 % d’une classe d’âge au bac ».

Sur le plan culturel, le monopole d’État dans l’audiovisuel recule avec le démantèlement de l’ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française créé en 1964) en 1974.

En 1982, les radios libres sont autorisées ; la 1ère chaîne privée est créée en 1984 (Canal Plus) et la Une est privatisée en 1987, devenant TF1.

La démocratisation de la culture est soutenue par l’État avec la création d’un Ministère propre dès 1981, incarné par Jack Lang : fête de la musique dès 1982, journées du patrimoine en 1984, la même année que la pyramide du Louvre de l’architecte Ieoh Ming Pei.

Un régime qui réforme ses institutions

La France connaît entre 1993 et 1995 une 2e cohabitation sous François Mitterrand. Jacques Chirac devient président en 1995 ; il dissout l’Assemblée Nationale en 1997 afin d’avoir une majorité jusqu’à la fin de son mandat en 2002. Mais les Français élisent une majorité socialiste : c’est la 3ème cohabitation, avec Lionel Jospin comme premier ministre (1997-2002).

En 2000, un référendum acte le passage du septennat au quinquennat : le mandat présidentiel coïncide ainsi avec celui des députés ; les élections ayant lieu quasiment en même temps, les risques de cohabitation sont réduits. De fait, il n’y a plus eu de nouvelle cohabitation depuis.

La décentralisation, esquissée en 1982 avec la création des régions comme collectivités locales par les lois Defferre, est poursuivie en 2003, avec la réforme des statuts l’outre-mer : les DOM-TOM cèdent la place aux DROM-COM, avec des statuts à la carte.

Le statut de Collectivité Territoriale Unique (fusion des départements et des régions) est également créé et se met progressivement en place (Mayotte, Guyane, Martinique, Corse, Alsace dès 2021).

Une troisième vague a lieu en 2015 avec la loi NOTRe, qui réduit le nombre de régions métropolitaines de 22 à 13 et qui crée un statut de métropole (Lyon étant la plus aboutie).

La classe politique se rapproche également des citoyens : les âges d’éligibilité diminuent (de 35 à 30 ans pour les sénateurs en 2003 puis 24 ans en 2011 ; la même année, abaissement pour les autres fonctions à 18 ans).

Sous François Hollande (2012-2017), le cumul des mandats des élus est limité. L’âge moyen des députés tend à se réduire.

La prise en compte des évolutions de la société

La parité s’impose en politique en 2000 (autant d’hommes que de femmes sur les listes) mais aussi dans le monde du travail (40 % de femmes au moins dans les conseils d’administration des grandes entreprises depuis 2011). Mais les écarts de salaire (environ 20 %) perdurent.

En matière sociétale, le PACS (pacte civil de solidarité) créé en 1999 établit un contrat d’union autre que le mariage ; il remporte un vif succès (en 2018, presque autant de PACS que de mariages conclus).

En 2013, la loi Taubira autorise le « mariage pour tous » elle ouvre le mariage et l’adoption aux couples homosexuels (la Procréation Médicalement Assistée leur reste interdite).

Pour lutter contre les discriminations, un poste de défenseur des droits (occupé par Dominique Baudis puis Jacques Toubon) est créé en 2008.

Enfin, face au risque de communautarisme (affaire du foulard de Creil en 1989 sur le voile islamique à l’école), l’État réaffirme le principe de laïcité : loi de 2004 interdisant les signes religieux trop visibles dans les écoles publiques, interdiction du voile intégral en 2011 pour des raisons de sécurité, charte de laïcité de 2013 affichée dans les établissements scolaires. Mais les tensions perdurent (menus halals, accompagnantes voilées dans les sorties scolaires).

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