Le passé de Paris pèse lourd sur son présent. Paris a longtemps été le centre de l’Europe – concurrencé seulement en cela par Londres ; elle était au 18e siècle la capitale du monde civilisé, au 19e et au début du 20e encore à la pointe de la modernité. Comment la génération présente ne voudrait-elle pas faire aussi bien que les générations passées ? 

Mais peut-on rester longtemps à l’avant-garde ? Il faudrait pour cela se risquer sur des voies audacieuses, et oser s’exposer à la désapprobation publique et à l’échec. N’est-il pas plus simple de s’accrocher à ce passé glorieux, de capitaliser sur lui, en empêchant tout changement ? Or, au 21e siècle, les sociétés sont en pleine mutation, pour des raisons politiques, technologiques, ou encore environnementales. Paris et toutes les capitales doivent s’adapter et être même les moteurs de ces mutations, si elles veulent conserver leur influence et leur prestige. N’est-ce pas là le défi principal que doit relever Paris, si du moins celle-ci veut rester une « ville capitale » ? 

Est-ce à dire cependant que le passé n’a pas sa place dans la modernité ? Une ville qui fait table rase de son passé peut être bien organisée, propre et commode. Mais n’est-elle pas sans âme, n’est-elle pas aussi un désert pour la mémoire ?