La vitesse est jubilatoire. Peut-être parce qu’elle nous semble une émancipation à l’égard de notre condition native, elle nous attire, nous fait sourire ou nous fait rêver. Dans le cinéma d’animation, combien de héros se caractérisent d’abord par leur vitesse ? Qui ne connaît Speedy Gonzales, la souris la plus rapide du Mexique, ennemi de Sylvestre Grosminet, mise en scène par la Warner Bros dans la série Looney Tunes depuis les années 1950, sans discontinuer ? Qui ne se remémore Bip Bip et Coyote, créés à l’écran dès 1949 et dont le succès ne s’est jamais démenti ? Traduite en français, la série est régulièrement diffusée et reprise sur les ondes francophones et les chaînes enfantines depuis… 1972 ! Il y a, dans la fiction, l’expression d’un désir de vitesse qui dément notre condition et, fût-ce pendant quelques minutes, nous fait oublier notre pesanteur naturelle.
Vitesse et arts (thème 2020)
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Vitesse et arts
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Représenter la vitesse
Représenter la vitesse est un défi. La musique le relève, en nous la faisant entendre de façon directe, immédiate et intuitive. Le Vol du Bourdon du compositeur russe Rimski-Korsakov, composé comme un interlude pour orchestre en 1900, ne représente pas la vitesse : il l’exécute, au premier degré. À la différence de la musique, les arts graphiques sont confrontés – à l’exception du cinéma d’animation – à un problème d’ampleur : il leur faut re-présenter la vitesse, c’est-à-dire établir des conventions qui pourront être comprises par le public comme des signes, des symboles du mouvement accéléré. La bande dessinée y répond avec les ressources qui sont les siennes, la peinture avec d’autres (flou, taches de couleur, éclatement de la composition). La manière de dire le mouvement par l’image est un critère essentiel de l'originalité d'une œuvre picturale.