Le sociologue allemand contemporain, Harmut Rosa, dans Accélération, montre comment la condition humaine contemporaine, dans les sociétés développées, se caractérise par une rupture avec les rythmes de vie antérieurs. Pourtant, le temps lui-même, objectivement mesuré, n’accélère pas. Les montres, les horloges qui scandent le temps ne sont pas modifiées. Ce qui est modifié, c’est notre relation à ce temps objectif, qui devient plus intense : les progrès techniques, les changements sociaux, tout semble acquérir une frénésie que la culture du réseau contribue à amplifier. Cette accélération généralisée est-elle désirable ? En termes de productivité, peut-être. Mais en termes de signification pour notre existence ? L’accélération de nos rythmes de vie est-elle un gain de sens ? La question demeure ouverte.
Vitesse et société (thème 2020)
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Vitesse et société
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Productivité, rapidité, lenteur
Quand Milan Kundera, en 1995, publie son premier roman directement rédigé en français, il l’intitule La Lenteur. Faut-il y voir un sous-entendu ironique sur le temps que la rédaction de cet ouvrage a occupé dans la vie de l’écrivain, dont le français n’est pas la langue maternelle ? Il faut y lire aussi un décalage, volontiers affirmé par Milan Kundera, avec un monde contemporain où le pur présent est porté au pinacle, et la vitesse encensée. À contre-pied de nos tendances contemporaines, productives, toujours plus véloces, Milan Kundera oppose un temps inactuel : celui de l’écriture romanesque, fantaisiste et dense, qui nous rappelle que ni la vitesse, ni le pur présent, ne valent par eux-mêmes. Le degré de la vitesse, comme le suggère l’auteur, n'est-il pas « directement proportionnel à l’intensité de l’oubli » ?