La langue française est riche d'expressions qui témoignent de notre fascination pour la vitesse : d'aller « à toute berzingue » à rouler « à tombeau ouvert », de marcher à « pas cadencé » à réagir « illico presto », la langue se caractérise par sa truculence. C'est sans doute son trait le plus frappant : la vitesse traverse tous les registres linguistiques, du plus vulgaire au plus littéraire, avec la même inventivité. Cette inventivité témoigne de la fascination que la vitesse exerce sur nous tous, quelle que soit notre origine sociale, quels que soient nos choix de vie. Car la vitesse, c'est d'abord l'impression fugace - et peut-être trompeuse - de dépasser les limites de notre finitude. Pour une durée limitée, en allant vite, nous avons eu l'illusion de vaincre le temps, toujours semblable à lui-même. L'espace d'un instant, il nous a semblé que nous avions suspendu le temps... C'est la jouissance de cette suspension dont la langue se fait l'écho.