Si parler crée avant tout un lien social, jouer avec les mots est acte de création. L’art et notamment la poésie remplissent ce rôle depuis toujours mais au XXe siècle, les artistes ont cherché de nouvelles voies pour décrire l’imaginaire.
Guillaume Apollinaire renouvelle la poésie avec ses calligrammes : les poèmes deviennent dessins. En 1924, avec Le Manifeste du surréalisme, André Breton définit le surréalisme comme une volonté de faire naître, grâce à l’affranchissement du contrôle de la raison sur la pensée, une réalité autre : l’écriture automatique, l’hypnose, la libre association d’idées vont aider à atteindre cet au-delà de la réalité. Avec Nadja, André Breton fuit le conventionnel. D’ailleurs, il joint au texte des photographies, des collages et même des dessins de celle qui se fait appeler Nadja, une âme errante, qui initie l’auteur au fil de leur promenade parisienne à l’éveil des possibles. Avec le groupe Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), l’écriture ne laisse plus de place au hasard car la contrainte elle-même devient source de création artistique. Par exemple, Raymond Queneau raconte dans ses Exercices de style 99 fois la même histoire de manière différente ; le roman de Georges Perec, La Disparition, est écrit sans aucun « e ».