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Charulata de Satyajit Ray

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Satyajit Ray, réalisateur

Satyajit Ray est issu d’une famille bengalie bourgeoise et lettrée, ce qui lui ouvrira les portes des arts et lui permettra de découvrir le cinéma en Europe. S’il s’est essayé à divers genres cinématographiques, il est resté fidèle à son pays natal dont il a su mettre en images les mutations politiques et sociales. Il nous montre comment le Bengale s’est peu à peu affranchi de l’empire britannique pour revendiquer sa culture. Cette évolution passe aussi par la remise en cause du modèle traditionnel patriarcal et pose la question de la place de la femme dans la société ainsi que de son émancipation. On trouve un paradoxe chez S. Ray : il est à la fois très ouvert sur l’Europe (sa filmographie témoigne de ses influences artistiques « extérieures ») et très centré sur son Bengale natal, au point de multiplier les allusions culturelles tout en sachant que le public étranger pourrait s’y perdre. Cela explique peut-être qu’à ses débuts son œuvre fut parfois boudée dans certains pays.

L’intériorité dans « Charulata »

Contrairement à la nouvelle dont « Charulata » est l’adaptation, S. Ray ne nous livre pas les pensées de son héroïne (ex : voix off, etc.), il nous les suggère. Par le montage (ex : plans qui s’éternisent = ennui, ellipses = émotions fortes, etc.), par la mise en scène d’objets significatifs (ex : jumelles = curiosité, lampe = prise de conscience, etc.), par la musique (qui donne l’ambiance de la scène) et aussi par l’utilisation de la symbolique (ex : conditions météo = reflet de ce que ressentent les personnages). Cependant, si le réalisateur s’intéresse de près au rendu de la psychologie, il refuse tout « déballage » et préfère laisser une part d’interprétation aux spectateurs (ex : surimpressions sur le visage de Charu qui nous montrent ses pensées mais sans indications pour les décoder). Cette ambiguïté se retrouve dans des fils narratifs laissés en suspens (ex : scène finale qui se fige sur la dernière image = réconciliation (im)possible entre Charu et son mari ?).

Opposition et rupture dans « Charulata »

Les sentiments ne sont jamais exprimés clairement ou presque dans « Charulata », mais conflits et passions couvent sous la surface. Le réalisateur mène ses personnages jusqu’au bord du point de rupture et pour ce faire, il joue sur les oppositions (ex : le monde des hommes et des femmes, le public et le privé, le conformisme et la créativité, etc.) On pourrait presque croire que les protagonistes du film sont une sorte d’allégorie de la société bengalie face à ses mutations (ex : le modèle politique, social, culturel, etc.) Ce n’est pas tant de choix forts et assumés que naîtra le changement – d’ailleurs, les personnages font souvent fausse route – mais bien plutôt de prises de conscience successives. S. Ray se garde pourtant de trancher, il nous laisse juger. Comme une sorte de mise-en-abîme, le public observe les personnages qui eux-mêmes se scrutent les uns les autres, mais ces regards restent mystérieux.

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