Le Secret derrière la porte & la psychanalyse

Le Secret derrière la porte reprend plusieurs thèmes de la psychanalyse. Les personnages sont soit des archétypes, soit des illustrations symptomatiques des thèses freudiennes. Si l’usage de la symbolique et des rêves reste assez simple, la figure paternelle (bienveillante ou rigide) et de la mère (distante ou castratrice) sont bien présentes, avec des objets transitionnels qui font le lien avec l’enfant – jusqu’à la fixation maladive et régressive. Le film nous montre bien les tensions entre le Moi (le visage que l’on affiche devant les autres) et le Ça, l’Inconscient, siège des pulsions refoulées par le Surmoi, barrière « morale ». Si les pulsions ne sont pas sublimées, c’est-à-dire exprimées de manière socialement acceptable, cela peut aboutir à des névroses tandis qu’Eros et Thanatos, la pulsion de vie, créatrice, et de mort, (auto)destructrice, s’affrontent en chaque personnage. L’inquiétante étrangeté plane, cette impression que le familier devient soudain bizarre et menaçant.

L’illusion cinématographique joue sur notre inconscient. Freud n’aimait pas l’idée de voir ses théories sur grand écran, même si des réalisateurs comme Hitchcock ou Lang s’y sont essayés – ce dernier ne semble pas avoir subi de traumatismes enfant, pourtant ! Il applique plus Freud (l’analytique) que Jung (le poétique), même si l’archétype jungien de l’Ombre, du double maléfique, est récurrent chez Lang. La maison est parfois interprétée comme un symbole du psychisme (avec la symbolique de la porte et de la clé). Le manoir du film incarne les blocages de Mark. Dans la filmographie de Lang, famille et couple sont souvent problématiques, et les personnages névrosés nombreux. Regards et construction de la personnalité sont liés. Durant tout le film ou presque, nous partageons le point de vue subjectif de Celia, dans une histoire qui tient du conte initiatique. Pour reprendre Bettelheim, cette version moderne de Barbe-Bleue lui permet d’affronter la vie et de se révéler à elle-même.