Tout au long du Ve siècle, se consolide la domination d’Athènes sur le monde égéen. Cette période est aussi celle où la démocratie se met définitivement en place sous la domination éclairée de Périclès qui fait suite à Dracon, Clisthène et Solon dont les réformes ont contribué à faire émerger ce régime politique conférant le pouvoir (kratos) au peuple (démos). La démocratie athénienne, régime politique où les décisions sont prises par le peuple, mise en place dans l’Antiquité, est l’ancêtre de nos démocraties modernes.

La mise en place de la démocratie

Suite à une grave crise au sein de la cité athénienne, provenant à la fois d’un appauvrissement de la population rurale condamnée à l’esclavage pour dettes, et à l’émergence d’une nouvelle classe sociale aisée, composée d’artisans et d’armateurs, qui conteste le monopole de la noblesse en politique, un nouveau régime politique fait son apparition, une sorte de démocratie conférant aux hommes libres le pouvoir de décision, les esclaves restant exclus du système.
Le cycle des grandes réformes ayant institué la démocratie à Athènes commence avec Dracon (VIIe siècle av. JC) et sa réforme de la justice, puis vient Clisthène (VIe siècle av. JC) qui refonde la communauté politique sur la base d’une nouvelle redistribution territoriale permettant de mettre fin au monopole des riches propriétaires terriens, et enfin Solon (VIe siècle av. JC), l’un des Sept Sages de la Grèce, qui abolit l’esclavage pour dettes.
Vers le milieu du Ve siècle, période à laquelle il a donné son nom, Périclès (vers -495 av. JC / -429 av. JC) met en place une indemnité journalière de présence au sein de l’Héliée et de la Boulê, afin de convaincre les citoyens les plus pauvres et éloignés de la cité, de prendre un jour de congé pour venir exercer à Athènes leurs devoirs civiques et politiques, renforçant ainsi le caractère démocratique du régime déjà en place. C’est lui également qui fait adopter, en -451, le décret imposant d’être issu de l’union légitime d’un père citoyen et d’une mère fille de citoyen pour devenir soi-même citoyen.

Citoyens et non citoyens à Athènes

Au cœur de la démocratie athénienne se trouvent les citoyens, c’est-à-dire l’ensemble des hommes libres âgés de plus de 18 ans, nés de père et de mère athéniens, ayant accompli un service militaire de deux ans (l’éphébie) afin d’être capable de défendre la Cité.
Les citoyens ont le droit de participer au culte public, de siéger aux assemblées, de voter, de briguer un poste de magistrat… En contrepartie, ils payent l’impôt et doivent également remplir des charges publiques à titre bénévole.

Les femmes, tout comme les esclaves, sont alors considérées comme des biens et ne peuvent accéder ni aux droits civiques, ni au statut de citoyen. Les esclaves sont d’anciens paysans surendettés, des prisonniers de guerre ou des étrangers vendus sur les marchés. Ils peuvent éventuellement être affranchis (libertus) par leurs maîtres et devenir ainsi des métèques.

Les métèques sont les étrangers venus de cités étrangères : ils payent l’impôt et ont le droit d’assister aux fêtes religieuses, mais ne peuvent devenir propriétaires ou contracter un mariage légal, sauf droit exceptionnel en échange de grands services rendus à l’État. Dans ce cas, il leur est possible d'obtenir le droit de cité.

Les institutions politiques

La démocratie athénienne se fonde sur les institutions suivantes :

  • L’Ecclésia : les citoyens des quatre classes censitaires (des plus riches aux plus pauvres) se réunissent environ 4 fois par mois pour débattre et voter à main levée les lois et déclarations de guerre.
  • La Boulê, ou conseil des citoyens : assemblée composée de 500 membres, les bouleutes, tirés au sort par chaque tribu parmi ses membres, chargée d’examiner les projets de loi, d’administrer la cité et d’exécuter les décisions de l’ecclésia.
  • Les 10 stratèges, élus par les citoyens de l’Ecclésia, qui sont les chefs des régiments des hoplites (soldats à pied).
  • Les 9 archontes, tirés au sort parmi les volontaires issus de la classe la plus riche : ceux-ci ont pour mission d’exécuter les décisions de l’assemblée, mais leur pouvoir va s’affaiblir peu à peu laissant davantage de place et de pouvoir aux stratèges qui deviendront, par la suite, les véritables chefs du gouvernement.
  • Les tribunaux de l’Héliée et l’Aréopage : les juges de l’Aréopage sont d’anciens archontes qui siègent sur la colline d’Arès (d’où leur nom…), quand les juges de l’Héliée siègent à l’extérieur (au soleil, « hélios » en grec…). L’Héliée est une juridiction d’appel chargée de réexaminer les arrêts rendus par les magistrats des tribunaux aristocratiques, permettant ainsi de limiter le risque d’arbitraire dans les décisions.


Un lieu-clé : l’Agora

L’Agora désigne le cœur de la cité, la place principale d’Athènes, où se réunit le peuple pour exercer ses droits politiques, c’est donc le lieu-clé de la démocratie. C’est là que se trouve le siège des principales institutions (cf. ci-dessus), mais aussi les principaux bâtiments religieux et commerciaux. Situé au pied de la colline sacrée de l’Acropole, l’Agora représente donc le cœur politique, social, mais aussi mercantile de la cité athénienne. Cet espace sacré se trouve délimité par des pierres et interdit d’accès aux métèques et aux personnes ayant… les mains sales qui sont donc priées de se les laver dans les bassins d’eau bénite prévus à cet effet.

Info bonus :
Une fois par an, réunis sur l’Agora, les citoyens votent au moyen de tessons de poterie appelés ostracas, afin d’évaluer le travail des magistrats et de punir les éventuels abus de pouvoirs… Un vote positif entraîne un nouveau vote deux mois plus tard : en cas de second vote positif, le magistrat sanctionné est puni d’un exil de 10 ans… De là, vient le mot « ostracisme » désignant un éloignement, une mise au rebut…