Sens
Le terme géologique permafrost provient de l’adjonction des mots anglais permanent et frost (gel). Ses équivalents, en français, sont le pergélisol ou encore le permagel. On l’appelle également la merzlota en Russie.
Tous ces termes, récents puisqu’ils datent des années 1940, désignent la même chose : la couche gelée du sol qui ne fond pas pendant au moins deux années consécutives, et plus largement la partie du sous-sol qui ne dégèle jamais.
 
Données
Le permafrost est constitué de terre, de débris végétaux et, dans une moindre mesure, animaux, partiellement décomposés et renfermant donc du carbone, qui lors de la glaciation de la Terre, voilà plusieurs milliers d’années, ont été piégés dans la glace. Il est recouvert d’une couche active en surface (le mollisol) qui, elle, peut dégeler à certaines périodes de l’année. L’épaisseur du permafrost peut varier de quelques mètres (dans les zones les plus au sud) à plusieurs centaines (750 mètres dans l’Arctique canadien).
 
Le permafrost est particulièrement présent dans les régions froides, autour des pôles, en Alaska, au Canada, en Sibérie et dans les zones de haute altitude (chaînes de montagne).
Il représente 20% de la surface de la planète, soit 25 millions de kilomètres carrés. Dans l’hémisphère Nord, il atteint même un quart des terres émergées, soit l’équivalent de la superficie du Canada ou de la Sibérie.
 
La fonte du permafrost, une bombe à retardement
Conséquence du réchauffement climatique, le permafrost a commencé à fondre. Les impacts de ce dégel, mis en évidence par les scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) créé par l’ONU en 1988, pourraient être colossaux pour notre planète.
En effet, la structure de ces sous-sols, jusque-là gelés et durs comme du béton, se modifie et provoque déjà, dans certaines zones, des affaissements de terrain, aux conséquences multiples (rupture d’oléoducs en Russie, déformation du sol et des routes, cratères, excavations, etc.).
Surtout, en dégelant, le permafrost libère d’énormes quantités de matières organiques, notamment du carbone, dont il représente le plus gros réservoir continental de la planète, (deux fois plus que ce que contient actuellement l’atmosphère). Au contact de l’oxygène et de l’eau, ce carbone se transforme en dioxyde de carbone ou en méthane, principaux gaz à effet de serre, qui contribuent en outre à accroître le réchauffement climatique… qui accélère lui-même le dégel du permafrost. Bref, un cercle vicieux, que l’on appelle une rétroaction positive.
Autre conséquence, et pas des moindres, des virus, jusque-là neutralisés par le permafrost, ont commencé à refaire surface. C’est le cas de l’anthrax (maladie du charbon) et on évoque même le retour de la variole...
 
Les projections des scientifiques à l’heure actuelle estiment que l’on pourrait assister à 50% de fonte d’ici 2050, et 90% d’ici 2100. Et certains spécialistes ont signalé que, si la quantité totale de carbone générée par le permafrost était relâchée, la température pourrait s’élever de 5 à 8 degrés !
 
Info bonus
Des chercheurs russes et américains ont réussi à ramener à la vie deux vers congelés dans le permafrost depuis respectivement 30 000 et 41 700 ans... qui sont devenus de ce fait les plus vieux êtres vivants de la planète !