Les étapes de la fin de vie et du deuil

Elizabeth KÜBLER-ROSS s’intéresse, à partir de 1965, à la notion de fin de vie en travaillant sur l’écoute des mourants à Chicago. En effet, elle s’aperçoit que les personnes lorsqu’elles sont avisées de leur mort prochaine, passent par différents états émotionnels successifs qui représentent les 5 stades de la fin de vie : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation.

• Le déni ou choc : c’est le premier stade, lorsque la personne va ignorer ce qui vient de lui être annoncé.
• La colère : c’est le second stade, lorsque la personne est en phase de rage et se questionne sur le fait de la raison de sa situation.
• Le marchandage : c’est le troisième stade, lorsque la personne pense qu’elle peut négocier sa mort soit avec le médecin, soit avec Dieu. C’est une période de très grande vulnérabilité.
• La dépression : c’est le quatrième stade, lorsque la personne se rend compte que sa mort est imminente. Elle accepte le fait que la réalité ne puisse être changée. Elle est dans un retrait total durant lequel elle ne parle plus. Les dernières retrouvailles sont voulues comme pour signifier les adieux.
• L’acceptation : c’est le cinquième stade, lorsque la personne accepte son sort. De plus, le désir d’être pris en charge devient très fort. Le contact avec une personne aimante est voulu sans qu’il y ait un échange verbal.

Définition du deuil

Le mot « deuil » vient du verbe latin « dolere » (souffrir). Le deuil a plusieurs significations et est utilisé dans différentes situations telles que la profonde affliction causée par la disparition irréversible de l’être cher ou du membre ou fonction importante du corps ; les rituels et manifestations exprimés à la suite de la disparition de l’être cher ; le temps nécessaire (travail de deuil) pour la personne afin de se reconstruire à la suite de la perte de l’être cher.

Facteurs influençant le deuil

Les facteurs psychologiques vont influencer la réaction d’une personne en phase de deuil, et en modifier les manifestations et la durée. En effet, selon le degré d’attachement de la personne à l’être disparu, le lien parental avec le défunt, la dépendance socio-économique envers ce défunt, les relations conflictuelles, difficiles avec le défunt.

Étapes du deuil

En reprenant les 5 stades de Elizabeth KÜBLER-ROSS, nous pouvons assimiler ces stades au processus du deuil. En effet, ces stades ne sont pas toujours linéaires car la personne peut passer d'une étape à l'autre, alors que certains stades peuvent se superposer ou se prolonger dans le temps :

• Le choc du deuil : la personne se retrouve dans une période de fort changement avec le moment de la prise de conscience de la perte. Cet instant sera gravé dans la mémoire de la personne.
• Le déni du deuil : la personne n’accepte pas la situation. Elle remet en cause la situation. C’est un mécanisme de défense de la personne pour échapper à l’annonce de la perte de l’être cher. C’est une réaction normale qui ne doit pas durer.
• La colère liée au deuil : c’est une émotion normale où la personne se révolte contre la situation, la personne décédée, le personnel soignant...
• La tristesse du deuil : progressivement, la colère va se dissiper et laisser place à un mutisme affectif. La personne souffre, pleure car elle se rend compte que la perte est irréversible. Ce stade peut engendrer une dépression grave avec un souhait de mourir pour rejoindre la personne décédée. Après la phase de tristesse, la personne se reprend en acceptant la réalité et la perte de la personne.
• La reconstruction après le deuil : la personne débute une reconstruction de sa vie en définissant de nouveaux projets...

Au cours de la phase de deuil, l’entourage de la personne va vivre le deuil en mobilisant différents mécanismes de défense. L’infirmier(e) doit être en capacité de les identifier pour adapter ses actions.

Définition mécanisme de défense

Un mécanisme de défense est une réaction mentale inconsciente vécue par la personne face à une situation difficile pour lutter contre l’angoisse. Ce mécanisme de défense s’active en dehors du contrôle de la volonté. Il ne doit pas être confondu avec le processus de coping qui désigne une opération mentale volontaire par laquelle le sujet choisit délibérément une réponse à un problème interne et/ou externe.

Typologie des mécanismes de défense

La personne peut mobiliser inconsciemment différents mécanismes de défense en fonction des étapes du processus de deuil :

• Le déni : la personne va mettre en doute la situation. Il apparaît après la phase de choc.
• Le déplacement : la personne va transférer sa charge émotionnelle sur un autre objet moins angoissant. Ce mécanisme apparaît lors de la phase de révolte/colère.
• La projection : la personne va projeter sa colère sur une personne qu’elle va rendre responsable telle que l’équipe de soins par exemple. Ce mécanisme apparaît lors de la phase de la révolte/colère.
• L’isolement : la personne va s’isoler des autres. Elle décrit l’événement tragique dans sa globalité sans manifester d’émotions. Ce mécanisme est visible à tous les stades du deuil.
• Le repli sur soi : c’est un mécanisme par lequel la personne va se refugier dans le sommeil, car la réalité est trop pénible.
• Le refoulement : c’est un mécanisme qui survient en début de phase de deuil, lorsque la personne va pouvoir supprimer inconsciemment les effets psychiques engendrés par l’évènement difficile.
• Le stoïcisme : c’est un mécanisme par lequel la personne va se mobiliser en s’investissant dans des actions et en acceptant la situation de la perte.
• La rationalisation : c’est un mécanisme par lequel la personne va tenter de trouver une explication logique à la perte pour mieux maitriser la situation.
• La sublimation : c’est le mécanisme par lequel la personne va convertir sa révolte, sa colère en des émotions plus acceptables et valorisées par la société.
• La régression : c’est le mécanisme par lequel la personne va retourner à des attitudes et comportements immatures. Il survient surtout au cours de la phase de dépression.
• L’idéalisation : c’est un mécanisme qui va conduire à idéaliser la personne disparue en lui reconnaissant son unicité et ses qualités.