La mondialisation des années 1880 aux années 1930 s'inscrit dans le contexte du triomphe de la colonisation. Les Empires français et britannique se partagent, avec l'Allemagne, l'Italie, le Portugal et la Belgique, l'essentiel de l'Afrique et une partie de l'Asie. Les territoires non colonisés sont souvent sous domination économique, comme la Chine, ou encore de nombreux espaces en Amérique latine contrôlés par les États-Unis. Les conséquences économiques de cette situation sont paradoxales. La domination coloniale contribue au développement du commerce mondial et des routes maritimes, mais elle conduit également à une fragmentation économique du monde. En période de crise, en effet, les puissances coloniales tendent à se replier sur leur empire au détriment de la liberté des marchés. La présence de matières premières à bas coût, en partie en raison de l'exploitation de la force de travail des populations locales, constitue un atout, tout comme le potentiel de consommation des habitants de ces territoires. Mais la colonisation a également un coût, en raison des infrastructures à financer et du coût de la présence administrative. C'est pourquoi certains États préfèrent pratiquer la domination indirecte, comme les États-Unis. Le Royaume-Uni, avec une politique visant à accorder davantage d'indépendance aux Dominions à partir de 1910, se rallient en partie à cette analyse.