Les termes employés pour parler d’esthétique nous éclairent sur notre conception de la chose. Le goût est un terme ambigu : perception par les sens ou capacité à juger ? Évaluer le degré d’esthétique en se basant sur le plaisir causé par l’œuvre est un critère trop personnel et subjectif, mais il faut admettre que notre appréciation sera toujours parasitée par nos sens. Vouloir se couper de tout pour juger une œuvre est irréaliste.
Depuis Baumgarten, on a souvent mis en avant un « esprit de finesse » qui nous permettrait de faire la part des choses. L’art et la morale ne sont pas forcément liés et le goût a ses paradoxes : on peut apprécier la laideur pour des raisons conscientes ou pas. Burke allait plus loin en différenciant le beau, lisse et commun, et le sublime qui nous domine et nous frappe par sa rudesse. Il est préférable donc de retenir la capacité de l’œuvre d’art à nous stimuler. Le cinéma y arrive particulièrement bien en nous faisant vivre une histoire par l’ouïe et la vue.