C’est à partir du début du XXe siècle, en particulier dans les œuvres de Léon Schiller, de Bertolt Brecht ou encore Erwin Piscator, que se développe la conception d’un medium au service d’une idéologique politique. Ainsi, l’Allemand Bertolt Brecht, dramaturge et théoricien de l’esthétique théâtrale, dresse-t-il une critique du théâtre réaliste et prône une dramaturgie capable de transformer la société par les idées qui y sont développées : l’art dramatique a, dès lors, pour but de sensibiliser les spectateurs aux problématiques sociales. C’est en suivant ce principe qu’il compose des « drames épiques » qui s’opposent aux drames dits narratifs. Cette nouvelle esthétique, qu'il définit dans son Petit Organon pour le théâtre édité en 1948, est qualifiée de « révolutionnaire » par Roland Barthes. Il est l’auteur de Dans la jungle des villes (1922) ; Sur une musique de Kurt Weill ; La Vie de Galilée (1938) ; Mère Courage et ses enfants (1941) ; Le Cercle de craie caucasien (1945)... Mais c’est surtout avec L’Opéra de quat’sous (1928) qu’il atteint la consécration.

Les pièces ainsi représentées dénoncent l’illusion théâtrale et suscitent une distanciation des spectateurs par rapport à l’action, ce que Brecht définit comme le Verfremdungseffekt (« effet de distanciation ») : l’identification, l’empathie ne sont plus recherchées dans cette dramaturgie brechtienne.

Le public tient ainsi un rôle essentiel dans ce dispositif dramatique puisqu’il est amené à une véritable réflexion sur ce qui est représenté sur scène. Tous les procédés sont mis en place pour lui rappeler les artifices du théâtre : plateau vide, dispositif scénique à la vue des spectateurs, scènes courtes successives entrecoupées d’interventions extérieures (apartés commentant l’action, intermèdes musicales ou chantés), panneaux contenant des maximes…