Le mot Dada, trouvé au hasard dans le dictionnaire est volontairement ridicule. Né à Zurich, le 8 février 1916, au cabaret Voltaire, où se trouvait un certain nombre d'artistes fuyant la guerre, le groupe Dada affiche une attitude de révolte contre la guerre, reflet de la société embourgeoisée. Les artistes de ce groupe vont lancer un cri à cette société en proposant des soirées expérimentales. Le poète Tristan Tzara, rédige le Manifeste du dadaïsme et dirige la revue Dada. André Breton, Louis Aragon ou encore Paul Eluard publieront dans cette revue. Jean Arp, Hugo Ball souhaitent prôner le sens de l'absurde et la révolte contre un ordre établi ainsi que contre l'idée de l'avancée de la création. 

La dimension militante et révolutionnaire rassemble ces artistes qui ne sont pas issus d'écoles, n'usent pas des techniques de façon académique et sont contre tout programme. S'implantent à Berlin, à Cologne, à Hanovre, à New York, des artistes qui sont contre le futur, contre l'unité, contre tout. Ils mettent en avant la négation de toutes les valeurs du passé, cela dans un but humanitaire. 

Les réalisations de Dada éliminent les notions artistiques traditionnelles, sont contre le bon goût et sont issues de nombreux procédés créés à partir du hasard. Les dadaïstes condamnent le pouvoir mystificateur de l'art. Le festival Dada et la première foire internationale Dada (ayant eu lieu respectivement à Paris et à Berlin, en 1920) avaient pour ambition de contrarier les attentes mercantilistes vis-à-vis de l’œuvre d'art et de rejeter les institutions artistiques en place (musées, galeries). Les artistes souhaitaient exposer en dehors du marché de l'art. On retrouve dans les œuvres de Raoul Hausmann, de George Grosz, de Kurt Schwitters, de Jean Arp ou encore de John Heartfield, l'idée d'accumulation, l'utilisation de rebuts et d'objets hétéroclites, directement prélevés dans le quotidien, le recours à la technique du photomontage. Dada crée une confusion dans le classement des disciplines artistiques (peinture, sculpture), en proposant des œuvres multi-media. L'ambition ultime de Dada est de rapprocher l'art de la vie. Groupe international, Dada établissait des contacts entre les nations, malgré la guerre, et faisait voyager tableaux, livres et revues. Marcel Duchamp, dadaïste par l'esprit de dérision et l'ironie, inventeur du Ready-made, a passé un long moment à New York (tout comme Francis Picabia qu'il fréquentait). Avec La Mariée mise à nue par ses célibataires, même (ou Le grand Verre), qu'il réalise entre 1915 et 1923, Marcel Duchamp met en avant le non-sens et l'érotisme. Il s'agit de comprendre en les démontant, en les rendant obsolètes, les mécanismes de l'érotisme. Man Ray photographiera Le Grand Verre en 1919. La photographie intitulée Élevage de poussière montre l'éphémerité qui touche l'esprit Dada. L’œuvre d'art n'est pas une fin en soi, comme toute chose, elle est vouée à disparaître. La roue de bicyclette (1913), ready-made de Marcel Duchamp, n'a plus de sens autre que celui que l'artiste lui donne, en extrayant cet objet manufacturé de son contexte utilitaire pour l'introduire, tel quel, dans le monde de l'art. Francis Picabia utilise des revues scientifiques et des images de pièces mécaniques pour peindre les rouages de machines vaines et sans but. L'artiste rend l'impression de froideur que dégagent les machines qui dominent la société tout en faisant ressortir l'aspect érotique de la mécanique (ou la mécanique de l'érotisme).