La perspective mêle science, art et philosophie. Elle consiste à représenter, sur une surface bidimensionnelle, un espace en trois dimensions. On distingue la perspective naturelle qui est une science de la vision réelle, et la perspective artificielle, celle qui est employée en art. Il y a deux types principaux de perspective artificielle.

  • La première est la perspective géométrique (parfois dite linéaire ou construction légitime). Elle a été théorisée dans le livre I du De pictura d’Alberti (1435), et a été d’abord mise en place par des sculpteurs (Donatello, Bruneschelli) avant de se répandre en peinture (Fra Angelico, Piero della Francesca, Dürer). Elle consiste à organiser l’espace par rapport à un point de fuite, situé au niveau du regard du spectateur : elle est donc l’application de principes géométriques et mathématiques sophistiqués.
  • La seconde est la perspective aérienne ou atmosphérique : elle consiste à réduire la netteté des couleurs et des contours en fonction de la distance (voir le paysage dans le fond de la Joconde) ; elle s’appuie moins sur des règles géométriques que sur la sensibilité de l’artiste et son sens de la vision.

Dans tous les cas, la perspective permet de construire l’action et de l’adapter au spectateur : elle fait du monde un spectacle qui s’organise par rapport au sujet qui le regarde : l’homme, et non plus Dieu. Mais tout ne peut pas s’insérer dans l’espace perspectiviste : même chez les plus grands peintres (Léonard de Vinci, Le retable d’Issenheim de Grunewald), des déformations montrent que la rationalité du monde ne saurait être totale.