Le genre de la nouvelle atteint sa forme classique à la fin du XIXe siècle, qu’on peut considérer comme l’âge de la nouvelle, avant de se transformer complètement au XXe siècle. Parmi les auteurs les plus représentatifs de cette forme classique, on peut citer : Guy de Maupassant, Émile Zola, Henry James, Anton Tchekhov, Giovanni Verga, Shiga Naoya...

Ce genre peut paraître simple, linéaire, mais il a recours en réalité à des moyens très sophistiqués. Le premier trait caractéristique de la nouvelle est naturellement la brièveté, mais celle-ci est rendue possible par des moyens spécifiques de compression de la matière, notamment le recours au « type » (le petit fonctionnaire, le pauvre pêcheur sicilien…) et aux contenus stéréotypés de manière générale.

La nouvelle se concentre sur son sujet en pratiquant la restriction de champ : tout ce qui n’entre pas dans son sujet n’est pas évoqué. Ensuite, du point de vue de la structure, la nouvelle est en général construite en tension entre deux pôles antithétiques. Elle se termine par une « pointe ». Le style de la nouvelle se reconnaît à un grand luxe de caractérisation.

Enfin, la nouvelle est monologique : cela signifie qu’elle ne fait entendre qu’une seule voix, surplombant la voix des personnages, alors que le roman, souvent du même auteur autorise la polyphonie, c’est-à-dire la multiplicité des voix énonciatives. Dostoïevski, par exemple, qui est, d’après M. Bakhtine, l’inventeur de la polyphonie romanesque écrit des nouvelles monologiques. Cette caractéristique est à relier au ton souvent satirique de la nouvelle : le narrateur porte généralement un jugement sévère sur ses personnages qu’il regarde avec une distance amusée.

L’histoire de la nouvelle se confond à ses débuts avec celle de la presse. Les auteurs sont souvent, en premier lieu, des collaborateurs réguliers des journaux offrant des chroniques de voyage (comme James ou Maupassant). En effet, elle paraît en feuilleton et son écriture est directement liée à ce mode de diffusion ; l’auteur écrit pour le périodique et s’adapte au lectorat en question. Les Contes de la Bécasse de Maupassant ou le recueil intitulé Vita dei Campi de Verga ont été publiés à des milliers d’exemplaires. La nouvelle moderne, telle qu’elle commence à apparaître au tourant du XIXe et du XXe siècle est moins structurée et elle renonce même à l’anecdote. Elle peut se confondre alors avec d’autres genres, la poésie ou le théâtre.