La famille nucléaire contemporaine n’est pas isolée de la parenté, mais réciproquement il serait abusif de parler de new extended family à propos de la majorité des contextes occidentaux contemporains. La famille nucléaire moderne n’est pas une illusion. Le modèle de Burgess propose une distinction entre deux types de familles : institution et compagnonnage.
Les objectifs prioritaires de l’institution sont la survie, gérer la production économique quotidienne, garantir une sécurité matérielle et psychologique des membres, élever et intégrer les enfants. Les buts sont concrets.
Les objectifs prioritaires du compagnonnage sont la stabilité et l’épanouissement émotionnel plutôt que des objectifs prioritairement matériels. Les buts sont ici plus flous, plus ambitieux, plus démesurés. Il s’agit de réussir sa vie à travers le projet familial.
Le mode de régulation (manière dont la famille est organisée) de l’institution est exogène à trois égards :
- sa constitution : lien d’alliance d’arrangement (force de l’extérieur sur la constitution familiale) ;
- les rôles familiaux, qui sont définis par les coutumes ;
- la dissolution éventuelle de l’union conjugale : elle n’est pas décidée par les conjoints, mais par l’extérieur, notamment par un juge.
Le mode de régulation dans le cas du compagnonnage est endogène, repérable à ces trois mêmes niveaux :
- l’union est décidée par les conjoints eux-mêmes : mariage d’affinité ;
- les rôles familiaux reposent sur la négociation, le dialogue, la régulation est beaucoup plus souple ;
- on passe d’un divorce sanctionné par l’extérieur à un divorce faillite constaté par les conjoints eux-mêmes.
Le principe d’organisation de l’institution est la hiérarchie : il y a le plus souvent prééminence de l’homme sur la femme, prééminence des parents sur les enfants, prééminence de l’aîné sur les autres enfants légitimes ou illégitimes.