À partir d’indicateurs comme le nombre de soirées en commun, la proportion d'amis communs, le partage des revenus, la proximité des goûts et des idées politiques, religieuses et culturelles, la préférence pour des stratégies d'évitement du conflit, on peut produire des profils assez précis de familles et mesurer leurs évolutions. On constitue ensuite des groupes de familles par affinités et on produit des statistiques. On peut, par exemple, retenir cinq modèles de fonctionnement familial :

1) Le style bastion : on partage tout. Mêmes activités, mêmes goûts, la similitude est préférée à la différence, le « nous » famille tend à recouvrir l’ensemble des domaines de pensée de la personne. On a une idée fusionnelle de la vie commune régulée par le consensus : la conversion réduit et minimise les différences. On est bien souvent casanier, l’extérieur est perçu comme menaçant (avec une concurrence des modes de vie). Il y a une différenciation marquée des rôles. Le groupe insiste sur son unité plutôt que sur la singularité de ses membres. On y trouve deux valeurs principales : la stabilité (on veut compléter/dépendre les uns des autres) et la prévisibilité (qui assure une certaine sécurité).

2) Le style cocon : la fusion est également assez totale. La fermeture vis-à-vis de l’environnement extérieur est considérable. Ce dernier est perçu comme une ressource (dans laquelle on puise le salaire, la nourriture, etc.) et n’a aucune parenté avec le modèle familial. Il n’y a pas de différenciation des rôles comme dans le style bastion. La valeur principale est le confort (psychologique, la routine interne, les petites habitudes sacralisées de l’intimité, etc.). Il s'agit de construire une sorte de nid assez intimiste, duquel on éloignera autant que possible le bruit extérieur. À l'intérieur, les repères sont précis : égalitarisme, fonction précise des espaces, ordonnance des rythmes accentuent le sentiment de sécurité.

3) Le style association : chacun se voit comme différent, on met l’accent sur l’autonomie, l’authenticité, le « je » et ses choix. On insiste sur la communication sur les différences qui enrichissent l’individu. Les frontières internes sont assez autonomistes. Les échanges avec l’extérieur sont fréquents et la dépendance est vue comme une faiblesse. La notion d'échange est peut-être plus pertinente que celle de partage. Le couple est très ouvert sur l’extérieur et rejette une organisation du travail fondée sur la différenciation des genres.

4) Le style compagnonnage : il s’agit d’un projet de groupe où les individus tendent à se fondre. On met en commun les croyances, les valeurs, les activités, etc. Ce type de fonctionnement va avec une large ouverture avec l’extérieur. Les individualités s'estompent un peu derrière le souci du bien commun. L'envie de ne faire qu'un, et d'aller ensemble vers une communauté à laquelle on est intéressé, à laquelle aussi on souhaite rendre certains comptes, apparaît comme le projet central. Il y a une souplesse dans la différenciation des rôles, peu de spécialisation. Les valeurs centrales sont la communauté, la responsabilité, le partage

5) Le style parallèle : il y a ici très peu de territoires communs, la cohésion n’a pas lieu dans la communauté d’esprit, mais est assurée par la complémentarité des fonctions. Les rôles productifs, identitaires, sont différenciés. Les valeurs centrales sont la prévisibilité, la sécurité, l’ordre.