Parcours – Dans l'atelier du poète

L’OuLiPo : un laboratoire d’écriture

Créé en 1960 par François Le Lionnais, un mathématicien, et Raymond Queneau, un écrivain, notamment auteur de Zazie dans le métro, l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) constitue un laboratoire d’écriture destiné à promouvoir la création… sous toutes ses formes.

Ses initiateurs le définissent ainsi : « Nous appelons littérature potentielle la recherche de formes, de structures nouvelles et qui pourront être utilisées par les écrivains de la façon qui leur plaira ». Se refusant à apparaître comme un mouvement littéraire, « ces soi-disant avant-gardes qui périodiquement viennent imposer leurs dogmes », le groupe se donne pour missions principales d’inventer de nouvelles structures et de travailler autour d’œuvres littéraires afin d’y déceler des formes ou contraintes.

Ce dernier terme, si l’on devait n’en retenir qu’un, est bien celui qui va fédérer le groupe. Des exercices oulipiens reposant sur la contrainte apparaissent comme le lipogramme, texte dans lequel un auteur s’interdit d’utiliser une lettre ou plusieurs, ou plus prosaïquement le cornichon, choix de « mots dont les deux moitiés présentent un même rapport sémantique ».

            Parmi les œuvres relevant de l’OuLiPo, retenons La Disparition de Georges Pérec, sorte de lipogramme géant en « e » ou Exercices de style de Raymond Queneau, une même histoire relatée de 99 manières différentes.

La Rage de l’expression, publié en 1952, s’inscrit dans la continuité d’un début de siècle désireux de s’affranchir des règles que la poésie impose depuis trop longtemps. Alors que le XIXe avait ouvert la voie au renouveau avec l’apparition des premiers textes poétiques en prose d’Aloysius Bertrand ou un peu plus tard de Baudelaire, le XXe va confirmer ce nouvel élan, remettant en cause la métrique traditionnelle, mais aussi la thématique.

Cet « esprit nouveau », comme l’a nommé Apollinaire, surgit avec le mouvement cubiste influencé par Picasso et Braque qui proposent « une déconstruction conceptuelle du réel, […] démultipliant les points de vue sur l’objet ». Dans le domaine de la poésie, Alcools est le premier recueil rédigé en vers libre et dépourvu de ponctuation, abordant des thèmes variés, notamment celui de la modernité, déjà présent dans La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France de Blaise Cendrars écrit la même année, à savoir en 1913.

Dans le même esprit de renouveau, l’épopée surréaliste, dont on situe les fondements en 1924, avec son Manifeste, entreprend d’utiliser de nouveaux moyens d’expression, reposant sur le rêve et la toute-puissance de l’imagination : par exemple, des séances de sommeil hypnotique sont organisées afin de faire surgir l’inconscient.

Bien que n’appartenant à aucun de ces mouvements, nul doute que l’œuvre de Ponge en a été largement influencée.