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Enonciation / Focalisation

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Discours et récit dans le roman et la nouvelle

Le narrateur est la voix qui raconte l’histoire, prenant en charge la situation d’énonciation, tout en mettant en scène ses personnages.

  • Dans le discours, énoncé ancré dans la situation, le locuteur est présent dans son énoncé : un « je » parle à un « tu ». Le narrateur utilise les temps du discours, présent, passé composé, futur. L’énoncé s’inscrit dans un lieu et un temps donnés (ici, maintenant).
  • Dans le récit, le locuteur s’efface et l’énoncé est le plus souvent à la troisième personne du singulier. Les temps du récit sont l’imparfait et le passé simple. L’énoncé s’inscrit dans un lieu et un temps indépendants de la situation d’énonciation.
  • Dans un récit, le narrateur peut intervenir pour donner son opinion. Récit et discours se mêlent.

Lecteur et narrateur

Le narrateur s’adresse au lecteur avec qui il crée un rapport privilégié. Il arrive parfois que la présence de la deuxième personne du singulier (ou du pluriel) soit clairement évoquée dans un roman. On suppose alors que le destinataire privilégié est le lecteur. Le narrateur tente ainsi de créer une complicité plus marquée avec lui. Si le lecteur n’est pas toujours désigné par le « tu » ou le « vous », il n’en reste pas moins que c’est à lui que s’adresse celui qui parle.

Cette relation particulière peut aussi être mise en place dès l’incipit où l’auteur/narrateur s’adresse au lecteur pour justifier ses choix d’écriture ou pour permettre à son destinataire d’entrer plus facilement dans le cœur du récit. 

Dans Le Père Goriot, le narrateur s’adresse directement au lecteur lorsqu’il décrit la pension misérable de Madame Vauquer :

« Eh ! bien, malgré ces plates horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l’être un boudoir ».

Un récit n’est possible qu’à travers la présence du narrateur qui rapporte les actions des personnages.

Dans un récit fictif, on distingue l’auteur (qui signe l’œuvre) du narrateur (qui raconte l’histoire). La présence du narrateur peut être nettement marquée dans un roman, mais il peut tout aussi bien être extérieur au récit : lorsqu’il est extérieur au récit, sa présence est marquée par la troisième personne du singulier sans aucune présence du « je ».

Dans Germinal, le récit est mené à la troisième personne, le narrateur est donc extérieur à l’action :

« Elle s’était relevée sur les genoux, il la voyait tout près de lui, éclairée par les deux lampes. »

Il peut aussi être présent dans le texte en tant que personnage. 

Dans L’Étranger (1942) de Camus, le narrateur/personnage Meursault s’exprime à travers la première personne : 

« Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi ».

Le « je » peut aussi être mis en œuvre sans que le narrateur soit un personnage du roman. Il peut tout simplement donner son avis sur les personnages ou sur la société dans laquelle ils évoluent. 
C’est le cas du narrateur dans Le Rouge et le Noir de Stendhal qui intervient pour porter un jugement sur le personnage de Julien :

« J’avoue que la faiblesse dont Julien fait preuve (…) me donne une pauvre opinion de lui. »

Dans certains romans, essentiellement contemporains, on assiste à un phénomène original qui consiste à mener un récit à l’aide de deux narrateurs. C’est le cas pour L’Elégance du hérisson (2006) de Muriel Barbery où deux narratrices, Renée une concierge de cinquante-quatre ans et Paloma une jeune adolescente de douze ans, se partagent la narration.

Place du narrateur dans le récit

  • Extradiégétique : le narrateur n’est pas un personnage de la diégèse (c’est-à-dire l’histoire racontée).

  • Intradiégétique : le narrateur est un des personnages de la diégèse (cas notamment des récits enchâssés : un personnage raconte une histoire et se fait narrateur).

  • Autodiégétique : cas particulier de narrateur intradiégétique, le narrateur se confond avec le protagoniste principal, il est le héros de l’histoire qu’il raconte.

  • Hétérodiégétique : le narrateur ne prend pas la parole dans son récit.

  • Homodiégétique : le narrateur intervient directement dans son récit, à la première personne (sans pour autant être nécessairement un personnage de la diégèse).

Les points de vue

Raconter une histoire dans un roman, ou dans d’autres genres narratifs, demande au narrateur de donner à voir ce qu’il raconte. Dans les récits à la troisième personne, le narrateur organise l’histoire en fonction d’un point de vue que définissent la nature et la quantité des informations données au lecteur.

Le point de vue (appelé aussi focalisation) se définit selon trois orientations : 

  • le point de vue omniscient,
  • le point de vue externe,
  • le point de vue interne.

1. Le point de vue omniscient

Le point de vue omniscient, que l’on appelle aussi « focalisation zéro », permet au narrateur de tout savoir sur l’histoire, sur les personnages, sur les lieux, sur l’époque, sur le passé et même l’avenir, et sur tout ce que peuvent ressentir les héros. Le narrateur, dans ce cas, peut aussi dévoiler au lecteur ce que le personnage ne sait pas. 

« Retournons en arrière, c’est un des droits du narrateur, et replaçons-nous en l’année 1815, et même un peu avant l’époque où commence l’action racontée dans la première partie de ce livre », (Hugo, Les Misérables).

2. Le point de vue externe

Le point de vue externe, appelé aussi focalisation externe, permet au narrateur de présenter les faits et les personnages comme s’ils étaient vus de l’extérieur, par quelqu’un d’étranger au récit. Le lecteur ne connaît que l’aspect extérieur du personnage et ne peut savoir ce qu’il ressent véritablement. Ce choix narratif suscite aussi la curiosité du lecteur et le met au même niveau que le narrateur concernant la connaissance des personnages.

« Vers la fin du mois d’octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal au moment où les maisons de jeu s’ouvraient, conformément à la loi qui protège une passion essentiellement imposable. », La Peau de chagrin (1830), Balzac.

3. Le point de vue interne

Le point de vue interne, ou la focalisation interne, dans lequel le narrateur n’est en mesure de dire que ce que le personnage voit ou pense. Sa connaissance des faits se limite au savoir du personnage. Le lecteur peut ainsi partager ses perceptions, ses émotions et ses pensées. Ce point de vue favorise la compréhension du personnage de l’ « intérieur » et permet plus facilement l’identification. Le narrateur peut néanmoins adopter le point de vue de plusieurs personnages.

« Fabrice s’aperçut que, de cette grande hauteur, son regard plongeait sur les jardins, et même sur la cour intérieure du château de son père. Il l’avait oublié. », La Chartreuse de Parme, Stendhal.

À l’intérieur d’un même récit, l’alternance des points de vue est possible. Un début de roman peut proposer un point de vue externe et ensuite mettre en place une focalisation zéro ou une vision interne, de sorte à donner le maximum d’éléments au lecteur.

Les discours rapportés

Dans le cadre d’un récit, le romancier peut décider de rapporter les paroles de ses personnages de quatre façons différentes.

  1. Le discours direct restitue exactement lesparoles, comme au théâtre : la ponctuation y est expressive et les propos sont entre guillemets ou avec des tirets.

  2. Le discours peut être inséré dans le récit indirectement: « Il proposa d’en reparler plus tard. »

  3. Il peut être inséré dans le récit, tout enreprenant les intonations des personnages : « Dès le lendemain, il la tuerait ! »

  4. Le discours narrativisé se fond dans le récit etles paroles sont résumées : « Il s’énerva et annonça sa vengeancepour le lendemain. »

Le roman moderne aime à mêler ces différents types de discours rapportés pour faire entendre plusieurs voix (polyphonie).

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