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Le genre narratif

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Le roman, reflet de la société

Le roman évolue selon les époques

Au XVIIe siècle, il est apprécié essentiellement pour la peinture de l’aristocratie, pour la complexité de ses intrigues amoureuses mises en œuvre grâce à un style recherché propre à la volonté de faire du personnage un modèle de vertu. Il répond aussi aux exigences d’une société intéressée par les modèles antiques et les grands thèmes du tragique.

Les Philosophes des Lumières 

Ils font du roman une véritable arme de contestation. Entre fiction et réalité, il dénonce toutes les tares de la société du XVIIIe siècle. Ainsi les romans sont mis au service d’une critique sociale, politique et religieuse.

Les romanciers du XIXe siècle

Ils s’intéressent à tous ceux dont le destin était considéré comme inintéressant et qui deviennent alors sources d’inspiration. Chez les romanciers réalistes et naturalistes, essentiellement, le reflet de la société s’étend : aux petits bourgeois, aux paysans, au prolétariat, aux bas-fonds de la société (criminels, prostituées…).

Le contexte historique et social qui sert de décor au roman est un élément indispensable pour le rendre efficace. Dans le cas où un romancier décide d’écrire sur son époque, il se fait témoin en donnant des informations à ses contemporains et aux lecteurs à venir. S’il décide de s’intéresser à une époque passée, il doit tout faire pour transporter le lecteur dans une société qui lui est inconnue. Pour cela, un travail de recherche est nécessaire.

Le roman, en tant que reflet de la société, est une source inépuisable de connaissances. Les guerres ont donné lieu à de nombreuses œuvres romanesques. Le contexte historique et politique est donc un moyen pour les auteurs d’offrir une image proche de la réalité de la société et de la dénoncer ou de la louer. 

  • Dans ses Lettres persanes, Montesquieu parvient entre autres à dresser une satire de la monarchie et plus particulièrement du règne de Louis XIV. 
  • Dans Les Misérables, Victor Hugo met en scène toute une humanité accablée par la société. 
  • Nana (1879) de Zola met en scène son héroïne éponyme, fille de Gervaise Macquart, morte dans la misère à cause de l’alcool, devenue femme entretenue pour échapper à son destin. Elle incarne la société du Second Empire, hypocrite, corrompue et avide de plaisirs, mais désireuse de préserver les apparences.

Roman et analyse sociologique

Outre sa vocation à caractère politique, le roman revêt aussi une fonction sociologique. Le romancier propose d’analyser les fonctionnements sociaux grâce aux comportements humains. La démarche du romancier suit une voie particulière qu’elle emprunte à la démarche expérimentale.

Dans sa préface à la Comédie Humaine, Balzac expose clairement se démarche qui consiste à classer les types sociaux à la manière de Buffon avec l’espèce animale. Cette entreprise est, selon le romancier, le meilleur moyen de connaître les mécanismes propres à une époque et ainsi de considérer la relation qu’ils entretiennent avec l’histoire, la politique et l’économie de leur époque. Il tente de cette façon de recomposer une société entière en affirmant que la fiction est presque plus authentique que la réalité.

« La société ne fait-elle pas de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie ? Les différences entre un soldat, un ouvrier (…), un homme d’Etat, un commerçant, un marin, un poète, un pauvre, un prêtre, sont, quoique plus difficiles à saisir, aussi considérables que celles qui distinguent le loup, le lion, l’âne, le corbeau (…) il existera de tout temps des Espèces Sociales comme il y a des Espèces Zoologiques. », Avant-propos de la Comédie humaine (1842).

Les romanciers naturalistes veulent aller encore plus loin en décrivant minutieusement et scientifiquement les milieux sociaux.

En 1863, le critique Castagnary déclare :

« L’école naturaliste affirme que l’art est l’expression de la vie sous tous ses modes et à tous les degrés et que son but unique est de reproduire la nature. C’est la vérité s’équilibrant avec la science.»

Les naturalistes ont pour principale tâche de comprendre les comportements humains dans la société, de les observer et de les considérer en fonction de leur hérédité et de leur classe sociale.

Dans Le Roman expérimental (1880), Zola affirme :

« L’homme ne vit pas seul, il vit dans une société, dans un milieu social, et dès lors pour nous romanciers, ce milieu modifie sans cesse les phénomènes. Même notre grande étude est là, dans le travail réciproque de la société. (…) Nous cherchons les causes du mal social ; nous faisons l’anatomie des choses et des individus pour expliquer les détraquements qui se produisent dans la société et dans l’homme ».

Souvent indissociables, le réalisme et le naturalisme proposent des thèmes communs dans leur manière d’appréhender la société puisqu’ils entendent traiter de sujets contemporains et insistent sur l’aspect social de l’observation :

  • la peinture de la société – tous les milieux sociaux sont passés en revue, même si le réalisme a tendance à se focaliser sur la bourgeoisie tandis que le naturalisme s’intéresse davantage aux classes populaires ; la ville, lieu propice à l’étude des mœurs ;
  • le déterminisme et l’hérédité – le réalisme s’attache davantage au contexte historique qui permet une meilleure compréhension des personnages, le naturalisme se sert de l’histoire pour mettre en relief l’aspect social ;
  • l’argent qui donne lieu à l’analyse de son rapport avec le pouvoir et le sexe dans la société ;
  • le mariage qui permet d’analyser les individus dans leur vie de couple, au sein de leur famille ;
  • les femmes, traitées sous tous les aspects.

Les principales fonctions du roman

La fonction première du roman est de divertir le lecteur au moyen d’une histoire racontée mettant en scène des héros renvoyant à la réalité. Grâce à l’identification au personnage et au décor mis en place, le lecteur peut s’évader de son quotidien et découvrir des mondes ou des sociétés nouvelles.

Tout en divertissant le lecteur, le roman lui permet aussi de s’instruire : en lui montrant, par exemple, le fonctionnement de certaines sociétés, en lui relatant un événement historique, en lui renvoyant une image de l’homme et donc de lui-même, en le faisant réfléchir sur toutes les questions que se pose l’être humain, en partageant des idées et en dénonçant, au moyen de la narration, tout ce qui semble contestable.

Les différentes formes du genre romanesque

Il existe plusieurs types de romans.

  1. Le roman historique

Le roman historique a pour vocation de faire revivre un passé plus ou moins éloigné. Il met en scène des personnages fictifs qui côtoient des personnages réels (Toutankhamon, Napoléon, Hitler…). Dans Le Roman de la Momie (1858), Théophile Gautier (1811-1872) évoque l’Égypte ancienne.

  1. Le roman d’analyse

Le roman d'analyse privilégie l’étude psychologique des personnages en pénétrant leur conscience pour s’interroger sur les raisons qui les poussent à agir. 

Exemples :

  • La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, 
  • Thérèse Desqueyroux (1927) de François Mauriac (1885-1970).
  1. Le roman de mœurs 

Le roman de mœurs se propose de peindre les milieux sociaux. Le destin des personnages est inévitablement lié au contexte social et politique.

Exemples :

L’ensemble des romans composant :

  • La Comédie humaine de Balzac,
  • Le cycle des Rougon-Macquart de Zola.
  1. Le roman épistolaire

Le roman épistolaire, constitué uniquement de lettres fictives, met en scène, le plus souvent, plusieurs correspondants. 

Exemples :

  • Les Lettres persanes (1721) de Montesquieu (1689-1755),
  • Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos (1741-1803).
  1. Le roman d’apprentissage

Le roman d'apprentissage décrit l’évolution affective, morale et parfois sociale du personnage.

Exemple :

  • L’Éducation sentimentale de Flaubert.
  1. Le roman d’aventures 

Le roman d'aventures est constitué de nombreuses péripéties et privilégie la succession d’actions. Il met en scène un héros chargé d’accomplir des missions presque impossibles. Ses héros peuvent parfois être des vagabonds ou des voleurs.

Exemples :

  • L’Histoire de Gil Blas de Lesage (1668-1747),
  • Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe (1660-1731).
  1. Le roman à thèse

Le roman à thèse a la vocation de dénoncer un fait ou une situation qui semble contestable. Il cherche à faire réfléchir le lecteur sur les dangers de la société.

Exemple :

  • le roman d’anticipation 1984 (1949) de George Orwell (1903-1950).
  1. Le roman populaire

Le roman populaire rencontre un grand succès grâce à la simplicité de la narration et des intrigues. Il peut prendre la forme du roman-feuilleton, à caractère social. Le roman-feuilleton est une œuvre publiée par épisodes, le plus souvent dans les journaux.

Exemple :

  • Les Mystères de Paris (1842-1843) d'Eugène Sue (1804-1857).
  1. Le roman autobiographique

Le roman autobiographique se situe entre réalité et fiction, entre biographie et œuvre romanesque. Les héros, très souvent réels, sont présentés comme imaginaires.

Exemple :

  • L’Amant (1984) de Marguerite Duras.
  1. Le roman policier

Le roman policier naît avec la révolution industrielle. Il met en scène une enquête menée par un policier ou un détective privé. Le narrateur brouille les pistes pour mieux surprendre le lecteur et le tenir en haleine.

Exemples :

  • Le Chien des Baskerville (1902) d’Arthur Conan Doyle (1859-1930),
  • Le Nom de la Rose (1980) d’Umberto Eco.

La nouvelle

Genre considéré plus ancien que le roman, les premières nouvelles apparaissent dans le panorama littéraire au milieu du XIVe siècle avec le Décaméron de Boccace, un recueil de cent nouvelles écrites en italien. Se propageant ensuite en Espagne sous la plume de Cervantès, le genre naît en France avec l’Heptaméron de Marguerite de Navarre. L’engouement est immédiat : à la cour du futur Henri II, on songe à former une réunion de dix personnes racontant chacune dix histoires, composant ainsi un recueil quasi identique à celui des prédécesseurs.

Les caractéristiques initiales du genre ne connaîtront que très peu d’évolution. Reposant principalement sur le resserrement de l’intrigue, le petit nombre de personnages et la concision des événements, la nouvelle séduit par son dénouement inattendu et par la diversité de ses formes.

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