La littérature, et plus particulièrement le roman, aime à mettre en évidence ces personnages marginaux, relégués aux statuts les plus vils : prostituées, brigands, exilés, etc. Mais jusqu’au XIXe siècle, ces figures ne méritent pas encore le titre de personnage principal, très souvent reléguées à des rôles secondaires dans l’intrigue.

   Le mouvement réaliste, avec à sa tête Zola, va permettre aux lecteurs de les découvrir. Le roman Nana, par exemple, propose de dépeindre, à travers son héroïne, deux univers emblématiques de la société du XIXe : celui des noceurs et celui des courtisanes, le peintre Manet, « faiseur de scandales », achevant la forfaiture en représentant deux coquettes Olympia et Nana. Avec Emma Bovary, la femme aux deux amants, Gustave Flaubert essuie un procès retentissant pour « offenses à la morale publique et à la religion ».

   Si le personnage en marge devient digne d’intérêt, c’est parce qu’il apparaît porteur d’une critique de la société perçue comme liberticide. Les XXe et XXIe siècles poursuivront ce mouvement de libération avec des figures emblématiques de la marginalité comme Bardamu chez Céline, Meursault chez Camus ou plus proche de nous Subutex, héros du roman de Virginie Despentes.