Le milieu du XIXe siècle est marqué par une défiance certaine autour des « normes » littéraires. Pour Hugo, le poète doit s’affranchir de ces « syllabes marquises, [vivant] ensemble au fond de leurs grottes exquises », prônant ainsi un assouplissement du vers, voire une désarticulation de l’alexandrin, ce « grand niais ».

La libération émancipatrice est ainsi lancée, même si Aloysius Bertrand, quelques années auparavant, avait initié le même mouvement avec l’apparition d’une nouvelle forme poétique sans rimes ni règles de versification, le poème en prose, caractérisé par des jeux sur les sonorités, l’emploi de figures de style et des effets sonores et rythmiques.

Le début du XXe siècle, dans cette volonté d’émancipation, achève de satisfaire à ces bouleversements prosodiques. Alcools d’Apollinaire, puis La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France de Blaise Cendrars, paru en 1914, deviennent les références en matière de modernité poétique, la première pour sa vocation expérimentale, la seconde pour son utilisation du vers libre, brinqueballé et saccadé, épousant ainsi les mouvements du célèbre train.