Alors qu’il n’est âgé que de seize ans, Rimbaud séjourne à Douai chez son professeur avec qui il s’est lié d’amitié, Georges Izambard. Il y recopie l’essentiel de ses premiers poèmes qu’il a rédigés quelques mois auparavant, un ensemble de quinze textes, puis sept autres qu’il livre lors d’un second séjour à Paul Demeny, un éditeur de la région à qui Rimbaud remettra, un an après, la célèbre « lettre du Voyant ».
Le jeune prodige intime l’ordre que soient brûlés ses manuscrits en ces termes : « Brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai. » L’éditeur refuse et les poèmes sont dans un premier temps relégués, puis seront publiés à titre posthume en 1895, soit quatre ans après la mort de Rimbaud.
Également appelée Recueil Demeny, l’œuvre comporte vingt-deux textes dont les premiers ont été rédigés alors que Rimbaud n’a que quinze ans. On y reconnaît aisément l’empreinte d’un jeune homme pétri de culture littéraire avec des références à ses aînés, dont Hugo dans « les Effarés », mais aussi celle d’un jeune homme au regard acéré sur la société, épris de liberté et profondément révolté.