Dans Mes forêts, à qui veut bien tendre l’oreille, se manifestent de nombreux jeux d’écho. « L’écorce incertaine » résonne de cette pensée d’Ann Lauterbach « Dehors, est-ce l’infini ou juste la nuit ? » Question à laquelle répond, à la fin du recueil « L’onde du chaos » : « il se fait tard/pour la nuit humaine. »
Le lecteur, à force d’attention, entendra également, dans ces forêts mystiques et profondes, le chant des vagues (« la déchirure »), la partition du temps et les forêts qui hurlent (« l’arbre »), la goutte de pluie, l’éclosion d’un bourgeon (« une chute de galets »), tout ce que nul n’écoute ou n’entend, car le bruit du monde est imperceptible.
Il lui faudra être « aux aguets [des] rumeurs de l’abîme » (Kathleen Raine), entendre, mais aussi regarder « l’animal [saisissant] l’aile qui est au sol », « les forêts [s’embrasant] dans le clair-obscur », « l’érable en feu », « la lumière [éblouissant] la montagne » et les éclairs semblant fendre le sol.
Mes forêts constitue une invitation sensuelle sans pareille.