Étrange paradoxe que de parler de mensonge au théâtre alors que les comédiens eux-mêmes jouent un rôle et que l’art dramatique est par essence illusion du vrai.
Il faut donc que celui-ci s’exprime dans le cadre de l’intrigue, dans la fiction elle-même. Dans la pièce de Corneille, c’est le cas de Dorante qui ment effrontément à son père. Ses raisons sont multiples :
- S’il ment à Géronte, c’est d’abord par plaisir de paraître autrement, seul moyen de compenser les faiblesses qu’il sait être en lui-même. Ainsi s’invente-t-il un passé et des exploits spectaculaires.
- Mais c’est aussi par arrogance que le héros ment, cherchant à impressionner les autres personnages, notamment Clarice, dont il est amoureux, pour obtenir leur admiration et leur respect.
- Enfin, ses mensonges sont également motivés par son désir de s’élever socialement et de se faire accepter dans la haute société parisienne, quel qu’en soit le prix.