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Mes forêts (2021)

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Mes forêts (2021) : un hymne aux sens

Dans Mes forêts, à qui veut bien tendre l’oreille, se manifestent de nombreux jeux d’écho. « L’écorce incertaine » résonne de cette pensée d’Ann Lauterbach « Dehors, est-ce l’infini ou juste la nuit ? » Question à laquelle répond, à la fin du recueil « L’onde du chaos » : « il se fait tard/pour la nuit humaine. »

Le lecteur, à force d’attention, entendra également, dans ces forêts mystiques et profondes, le chant des vagues (« la déchirure »), la partition du temps et les forêts qui hurlent (« l’arbre »), la goutte de pluie, l’éclosion d’un bourgeon (« une chute de galets »), tout ce que nul n’écoute ou n’entend, car le bruit du monde est imperceptible.

Il lui faudra être « aux aguets [des] rumeurs de l’abîme » (Kathleen Raine), entendre, mais aussi regarder « l’animal [saisissant] l’aile qui est au sol », « les forêts [s’embrasant] dans le clair-obscur », « l’érable en feu », « la lumière [éblouissant] la montagne » et les éclairs semblant fendre le sol.

Mes forêts constitue une invitation sensuelle sans pareille. 

Style et procédés

Le style de Mes forêts ne manquera pas d’être abondamment étudié par les enseignantes et enseignants de lycée tant il donne à voir une écrivaine sensible aux charmes inquiétants et apaisants de la nature.

Jamais ampoulée, l’écriture du recueil se veut accessible et simple comme dans « L’écorce incertaine » et ses courts versets offrant le spectacle sonore de la branche qui se casse et visuel avec les racines qui « fendent le sol ».

Les figures de style y sont abondantes, révélatrices d’une poète aux sensibilités démultipliées. La comparaison y est reine, fréquemment introduite par la conjonction « comme » (plus d’une vingtaine dans l’ensemble du recueil) ; la personnification donne à voir une nature débordante de vitalité tant « les nuages chuchotent » (le houppier) et les feuilles bégaient (« les brèches ») ; la métaphore se veut unificatrice, l’anaphore scande le rythme de l’univers (« C’est le bruit du monde/l’écoulement du temps », « Une chute de galets ») ; l’emploi de tournures impersonnelles et les blancs typographiques donnent enfin à voir la particularité d’une relation de l’homme à la nature. 

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