Illusions perdues

Jeune poète à Angoulême, Lucien Chardon (qui se fait appeler Lucien de Rubempré) est contraint de quitter la ville avec sa protectrice, Louise de Bargeton, car elle est mariée, et il leur faut fuir le scandale.

Si cette dernière est accueillie dans la bonne société parisienne, Lucien n’en maîtrise pas les codes et se trouve vite rejeté. D’abord contraint de vivre chichement, il rencontre Étienne Lousteau, un jeune journaliste charismatique, mais à l’éthique discutable. Grâce à lui, Lucien va apprendre à se servir de la presse comme d’une arme, faisant et défaisant les réputations. Il goûte enfin au pouvoir et au faste auxquels il aspirait tant, et débute une liaison avec Coralie, une jeune actrice qui, elle aussi, a de grandes aspirations.

Il tente de gagner les faveurs de l’aristocratie qui l’avait autrefois rejeté, en faisant volte-face et en se rangeant de leur côté après les avoir vertement critiqués... Mais c’est un échec et Lucien se retrouve criblé de dettes, tandis que ses anciens amis, se sentant trahis, décident de lui faire payer en ridiculisant Coralie le soir de sa première. Elle s’effondre, rongée par la phtisie. Ayant tout perdu, Lucien est contraint de rentrer à Angoulême.

Entre faste et espoirs, ruine et excès, on croit reconnaître Balzac lui-même dans Illusions perdues, dans ce jeune provincial en quête de gloire qui monte à Paris et va finir par se perdre. En adaptant ce roman, un des plus connus de La Comédie humaine, grande fresque littéraire dans laquelle l’écrivain s’est livré à une étude minutieuse de ses contemporains, Xavier Giannoli a dû faire des choix, épurant des parties, des personnages, mais l’ensemble reste fidèle à l’esprit du roman, sans doute parce que l’histoire fait écho à deux thèmes récurrents chez le réalisateur : les faux-semblants et les gens devenus les jouets de leur destin. Aux côtés de Benjamin Voisin, jeune acteur remarqué incarnant le rôle principal, le casting est de choix, avec de grands noms comme Depardieu ou Xavier Dolan. Adapter une telle référence littéraire était un pari risqué, mais le film a suscité l’engouement du public et de la critique, comme en témoignent les différents prix reçus.