Le mot latin individuum traduit le grec atomos. Les deux termes renvoient à l’idée d’unité et d’indivisibilité. L’unité en question est avant tout corporelle. Quels que soient les efforts fournis pour unir les individus dans un corps social commun, ils n’en resteront pas moins des corps numériquement différents, dotés chacun de leurs besoins, de leurs désirs, de leurs pulsions. Mais l’individualité humaine est également psychique. Un individu se caractérise alors par sa subjectivité. Il a d’abord des opinions et des représentations qui lui sont propres, ce qui en fait un individu particulier. Par sa capacité de penser et de juger par lui-même, de raisonner, l’individu peut s’opposer à l’emprise que le collectif s’exerce sur lui.  

C’est pourquoi l’on peut penser que l’émancipation de l’individu dépendra toujours en dernier ressort de l’individu lui-même, de son courage, de son indépendance d’esprit, voire de son indocilité. De Dom Juan à Georges Brassens, le cinéma, la littérature, la musique modernes célèbrent ses anti-conformistes qui ont eu la force d’affirmer leur individualité contre le groupe.