La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne a été rédigée par Olympe de Gouges sur le modèle de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Puisque son auteur imite la structure et le style de cette déclaration, on peut parler de pastiche (= en littérature, il s’agit d’une imitation d’une œuvre connue en partie ou totalement par jeu ou dans le but de la parodier). Cependant, étant donné que le but d’Olympe de Gouges est de demander la pleine assimilation politique, sociale et civile de la femme, il ne s’agit pas de faire sourire mais bien de réclamer l’égalité homme / femme. Si ce texte est passé inaperçu à l’époque de sa rédaction, il n'en demeure pas moins le premier en son genre ; en cela il constitue un geste inaugural dans la lutte féministe.

Notons également que cette déclaration est assortie d’un Avant-propos dans lequel, l’auteur apostrophe de manière très virulente les hommes à travers plusieurs questions rhétoriques : « Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question […] Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? ». C’est une femme en colère qui rédige cet avant-propos et qui, à travers le tutoiement, se hisse au rang d’égal à égal avec son rival.

Plus loin dans cet Avant-propos, Olympe de Gouges décrit l’homme comme « Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré », « despote », « dans l’ignorance la plus grasse ». La colère d’Olympe de Gouges s’explique par l’hypocrisie des révolutionnaires. En effet, pendant la Révolution, les femmes se sont battues aux côtés des hommes et certaines ont participé à la vie politique. Mais quand vient le temps de leur accorder les pleins droits, les Révolutionnaires font marche arrière. En 1793, l’année de la mort d’Olympe de Gouges, on leur refuse désormais le droit de s’assembler et toute activité politique leur est désormais interdite. En 1795, sous La Convention, leurs droits se voient encore limiter. On leur avait néanmoins accordé l’égalité des droits de succession, la reconnaissance civile et le divorce. Malheureusement, le code napoléonien rétablit l’ordre ancien. Le divorce, quant à lui, sera annulé en 1816.

Par un effet de symétrie entre les deux déclarations, Olympe de Gouges met avant tout en lumière tout ce dont est privée la femme de son époque. Chacun des articles martelant un à un les droits dont la femme ne jouit pas.