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Formes poétiques et versification

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Le sonnet

  • Rendu célèbre par le poète italien Pétrarque dans son Canzoniere (v. 1430), le sonnet est un poème de 14 vers, répartis, dans la tradition française, en deux quatrains et deux tercets.

  • Le mot « sonnet » vient de sonare (en latin, « sonner »). Le mot français est emprunté à l’italien sonetto, provenant lui-même de l’ancien provençal sonnet (fin du XIIe siècle). Le sonnet désignait donc une sorte de chanson ou de poème court.

  • Genre développé par les poètes humanistes : Maurice Scève, Louise Labbé, Clément Marot – et surtout les poètes de la Pléiade, parmi lesquels Ronsard et Du Bellay. Au XIXe siècle, Baudelaire a repris cette forme en usant de l’alexandrin.

Le poème en prose

Le poème en prose est avec le vers libre ce qui contribue à installer la poésie dans la modernité. Le poème en prose, genre créé durant la première partie du XIXe siècle, semble paradoxal dans sa dénomination. Il renvoie essentiellement à une écriture codifiée répondant aux contraintes du vers, des rimes et des rythmes. La prose reflète avant tout une écriture libre, ne respectant aucune règle.

Cette nouvelle forme influence de nombreux poètes tels que Baudelaire (Petits poèmes en prose, 1855, Le Spleen de Paris, 1869), Rimbaud (Illuminations, 1886), Francis Ponge (Le Parti pris des choses, 1942), Henri Michaux (Mes propriétés, 1929)...

Le poème en prose regroupe donc deux genres différents :

1- La prose

Un poème en prose ne comporte ni vers ni rimes. Il se présente sous la forme d’un texte en prose plus ou moins long, découpé en paragraphes. L’ensemble du poème révèle une unité de sens et de thème, et le titre annonce le contenu ou un choix d’écriture pouvant être le récit, la description, l’émotion.

2- La poésie

L’aspect poétique n'est pas forcément visible. Il réside essentiellement dans la structure du texte et dans le rythme des phrases. L’auteur met en œuvre un certain nombre de figures de rhétorique et des connecteurs logiques et chronologiques. Certaines phrases constituent de véritables vers. C’est le cas chez Rimbaud, et plus précisément dans son poème « Aube » : « Au réveil il était midi » (octosyllabe). Certaines phrases sont construites sur des rythmes ternaires et créent une musicalité. Les thèmes abordés sont aussi variés que ceux exploités par la poésie classique, mais le poème en prose s’intéresse aussi à des thématiques modernes comme les paysages urbains et industriels.

Le vers libre

La poésie entre dans la modernité au XIXe siècle avec le vers libre. Le vers libre s’inscrit, par sa disposition, dans le genre poétique traditionnel sans toutefois en avoir la régularité et la reprise des sonorités. On observe une certaine irrégularité dans la longueur des vers, dans l’absence de rythme propre aux formes fixes, dans l’absence de rimes codifiées en fin de vers. À travers cette irrégularité, le poète peut jouir d'une grande liberté, allant à la ligne quand il le souhaite, guidé par la syntaxe.

Le vers libre a un rythme particulier qui traduit les thèmes privilégiés par les poètes. L’irrégularité qui lui est propre crée des effets de rupture. Dans Sagesse, Verlaine utilise le vers libre pour évoquer ses tourments. Les mouvements de l’âme sont exprimés grâce à l’image de la mouette. Cette liberté poétique est synonyme de créativité. Les poètes du XIXe et du XXe siècle exploitent le vers libre à l’infini sans pour autant se détourner des formes fixes.

L'alexandrin

  • Vers dont le nom vient du Roman d’Alexandre. Ce cycle poétique, écrit en style épique, est du XIIe siècle, mais ce n’est qu’au XVe qu’on parle d’« alexandrin ».

  • Après le décasyllabe (XVIe siècle), l’alexandrin devient le vers noble employé par les poètes et les dramaturges au XVIIe siècle. Il est composé de deux hémistiches (= demi-vers) de 6 syllabes.

  • Jusqu’à la fin du XIXe siècle, il reste largement employé dans la poésie française, malgré certains bouleversements rythmiques provoqués par le romantisme. Victor Hugo se targue d’avoir « disloqué ce grand niais d’alexandrin ».

Le vers

Deux types de vers existent en poésie :

  • le vers pair, allant jusqu'à douze syllabes pour les vers réguliers, et jusqu'à vingt syllabes dans les vers irréguliers ;
  • le vers impair que prône Verlaine dans son Art poétique.

Le nombre de syllabes dans un vers est appelé mesure ou mètre, et détermine sa nature.

Les vers de cinq à douze syllabes portent un nom :

  • pentasyllabe (5 syllabes),
  • hexasyllabe (6 syllabes),
  • heptasyllabe (7 syllabes),
  • octosyllabe (8 syllabes),
  • ennéasyllabe (9 syllabes),
  • décasyllabe (10 syllabes),
  • hendécasyllabe (11 syllabes),
  • alexandrin (12 syllabes).

Lors du décompte d'un vers, il est indispensable de prendre en compte le « e » muet et la diérèse. Le « e » muet se compte quand le mot suivant commence par une consonne. Il n'est pas à prendre en compte quand le mot qui suit commence par une voyelle ou un « h » aspiré. On parle d'élision quand il n'est pas pris en compte. On parle d'apocope quand il est placé à la fin d'un vers.

Lorsque l'association de deux voyelles forme deux syllabes, on parle de diérèse (expansi/on). Quand elle ne forme qu'une syllabe, on parle de synérèse (tient).

Les sonorités à l'intérieur des vers ont aussi leur importance. Les assonances sont produites par la récurrence d'un son vocalique (groupe de voyelles) :

« Pour la première fois l'aigle baissait la tête » (V. Hugo).

Les allitérations sont produites par la récurrence d'un son consonantique :

« Elle coupe elle hache effiloche égratigne / Fouaille et fouette à la fois les feuilles éperdues » (Aragon).

L'harmonie imitative consiste à répéter certains sons renvoyant à un bruit particulier :

« Il pleut tout simplement il pleut sans un pli sans une plaie » (Aragon).

Les strophes

Les vers sont rassemblés en strophes définies par le nombre de vers qu’elles comportent.

  1. Une strophe de deux vers est appelée un distique.
  2. Une strophe de trois vers est appelée un tercet.
  3. Une strophe de quatre vers est appelée un quatrain.
  4. Une strophe de cinq vers est appelée un quintil.
  5. Une strophe de six vers est appelée un sizain.
  6. Une strophe de sept vers est appelée un septain.
  7. Une strophe de huit vers est appelée un huitain.
  8. Une strophe de neuf vers est appelée un neuvain.
  9. Une strophe de dix vers est appelée un dizain.

Au-delà, les strophes n’ont plus de dénomination.

Par exemple, une strophe de douze vers sera appelée : strophe de douze vers.

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