Le recueil de Ponge ne se laisse pas facilement apprivoiser pour au moins deux raisons : d’abord, parce qu’il alterne observation des objets, réflexion sur la création poétique et compte rendu d’expériences relevant de l’émotion. Ensuite, parce que la chronologie est bousculée : « Berges de la Loire », par exemple, a été écrit en mai 1941 et précède, dans le recueil, « La Guêpe », une section qui aurait été rédigée entre 1939 et 1943. C’est dans cette même partie que Ponge s’explique, s’attendant à la critique sur « l’allure saccadée de ces notes, leur présentation désordonnée, en zigzags ». Tentons cependant d’en dévoiler la structure.
La Rage de l’expression comporte sept grandes parties. La première est une note à valeur programmatique. Ponge y révèle son projet, sa détermination à « revenir toujours à l’objet lui-même ». Une même démarche relevant de l’expérience poétique est à l’œuvre dans « L’Œillet », quatrième section du recueil.
« La guêpe », deuxième volet du recueil, est un texte composé de plusieurs fragments, le vol de l’insecte et l’essaim étant prétextes à s’interroger sur une écriture qui épouserait pareils mouvements comme le fait la graphie du nom « oiseau » dans la partie correspondante.
« Le Mimosa » et « La Mounine… » rendent compte avec enthousiasme de l’émotion du poète : le premier pour la richesse lexicale, le second en raison de l’émotion produite par la vision.
Enfin, « Le Carnet du Bois de pins », constitué de quatre parties, est un ensemble hétérogène d’expériences et de créations.