Les philosophes des Lumières sont les héritiers des humanistes de la Renaissance et les successeurs de l’honnête homme du XVIIe siècle en ce qu’il recherche un idéal humain. Dans l’Encyclopédie, l’esprit philosophique est défini comme « un esprit d’observation et de justesse, qui rapporte tout à ses véritables principes, mais ce n’est pas l’esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins » et le philosophe comme « un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile ». C’est avant tout un penseur qui prône la rigueur et l’esprit critique lorsqu’il observe ce qui l’entoure. Rien n’est laissé dans l’ombre : savoir, croyances, politique et injustices. Sa principale motivation est la raison, seule à même de porter un jugement. C’est aussi un être imaginatif qui parvient à convaincre facilement en mêlant raison et sentiments. Le philosophe est aussi un auteur engagé, qui se bat contre toute forme d’injustice en exprimant des idées parfois trop hardies, ce qui lui vaut les foudres de la censure et très souvent l’exil et l’emprisonnement comme ce fut le cas pour Rousseau, Voltaire et Diderot. Il veut dénoncer les superstitions et l’arbitraire, dans l’espoir d’un avenir meilleur libéré du fanatisme, des préjugés.
Les philosophes des Lumières observent tout ce qui paraît contestable dans les domaines politique, religieux et social, et c’est à partir de leurs observations qu’ils dirigent leurs critiques. Par un esprit d’examen, ils passent en revue toutes les inégalités. Ils analysent la monarchie : Montesquieu en dresse une critique acerbe dans ses Lettres persanes (1721), dans De l’Esprit des lois (1748), et Voltaire s’y attache aussi dans ses Lettres Philosophiques (1734). Le pouvoir religieux, et notamment celui du roi et du Pape, n’échappe pas à leur esprit critique. L’intolérance et le fanatisme sont vivement dénoncés. C’est, par exemple, le cas dans Candide ou l’optimisme (1759) ou dans Le Traité sur la Tolérance (1763) de Voltaire. Rousseau et Beaumarchais dénoncent une société inégalitaire et s’opposent à toute forme de privilèges. L’usage de la raison remet en question toutes les autorités, politiques, religieuses et intellectuelles.
Après avoir observé tous les phénomènes, les philosophes optent pour une méthode expérimentale. Leur démarche est essentiellement pédagogique dans la mesure où leur principale motivation est de faire réfléchir. Toutes leurs œuvres s’orientent donc vers une fonction didactique. Leurs textes sont soigneusement construits selon une logique sans faille, aboutissant à une rhétorique persuasive qui fait appel au bon sens du lecteur.
Cette démarche, propre aux Lumières, était déjà perceptible, dès la fin du XVIIe siècle chez des auteurs comme Fontenelle ou Bayle. L’esprit des Lumières est surtout caractérisé par une lutte féroce contre l’obscurantisme. Ils veulent rejeter les modes de pensée peu rigoureux dont les croyances au merveilleux, les superstitions et les traditions. Ils veulent montrer que tout ce qui a été dit n’est pas forcément la vérité même si le plus grand nombre le croit. Ils rejettent la conception selon laquelle ce qui existe depuis longtemps est ce qu’il y a de mieux. Ils veulent montrer que la monarchie dite « de droit divin » et l’hérédité sont absurdes. Ils refusent l’idée que le pouvoir soit accordé à une minorité qui ne participe en rien au progrès du siècle.
Leurs principales cibles sont tout ce qui porte atteinte à la liberté et à la raison : inégalités, injustices, préjugés, despotisme, tyrannie, fanatisme, intolérance, privilèges, esclavage, torture… Leur idéal est incarnée par une société différente régie par les valeurs suivantes : la liberté de penser, la liberté d’expression, le choix de culte, l’éducation, la foi dans le progrès, le développement économique, le bonheur…