Pour un oui ou pour un non (1982)

Courte pièce radiophonique en un acte, rédigée dans un style dépouillé et minimaliste, Pour un oui ou pour un non est un huis clos qui confronte deux hommes, H1 et H2, amis d’enfance, âgés tous deux d’une cinquantaine d’années. Le premier d’entre eux rend visite à son ami, mais après avoir échangé quelques banalités, s’installe entre les protagonistes une tension certaine : les reproches fusent, notamment celui d’H2 au sujet d'une phrase bénigne que H1 aurait un jour lâchée et qui l’aurait poussé à cesser toute relation. La conversation s’envenime alors et les protagonistes se disputent de plus en plus violemment.

C’est l’occasion pour Sarraute d’aborder des thèmes chers au XXe siècle : l’incommunicabilité entre les êtres, la culpabilité et la domination. Elle explore également, à travers ses deux personnages, le thème de l’amitié aux multiples facettes : fascination, mais aussi répulsion, complicité et rivalité.

L’amitié entre H1 et H2 est à la fois complexe et ambiguë, car marquée par une abondance de sentiments contradictoires : les deux hommes se respectent, s’admirent et éprouvent de l’affection l’un pour l’autre, mais le spectateur perçoit très tôt dans la pièce, dès les premiers échanges, que leur relation est aussi faite de non-dits, de ressentiments et de rivalité. Devant l’impossibilité d’aborder certains sujets dits sensibles, les deux protagonistes échangent avec de plus en plus d’agressivité, leurs silences mêmes mettant en lumière les failles de cette prétendue amitié.

Et puis, derrière les faux-semblants, finissent par tomber les masques, les reproches éternels ; éclate alors la dispute, fusent les accusations de trahison, chacun accusant l’autre de ne pas vouloir comprendre ses motivations.

La pièce s’achève sur l’impossibilité de se réconcilier, laissant un goût amer au spectateur, qui comprend alors que les amitiés sont précaires et les malentendus, souvent destructeurs, le tout dans une ambiance devenue délétère, voire mortifère.