D’abord moine chez les franciscains, François Rabelais (1483-1553) étudie la théologie, le latin et surtout le grec en autodidacte. Il voue d’ailleurs une véritable admiration à Guillaume Budé (humaniste, passionné par les langues anciennes, fondateur de l’actuel Collège de France), comme en témoigne la lettre qu’il lui adresse datant du 4 mars 1521 ainsi qu’à Erasme que l’on considère comme le père fondateur de l’Humanisme.
Rabelais quitte ensuite son couvent pour entrer dans le domaine du clergé séculier (le mot vient de « siècle » et désigne les religieux qui vivent dans le monde et non retirés dans un couvent). Il part étudier la médecine et deviendra même un médecin reconnu. Moine, médecin, traducteur, écrivain pratiquant aussi bien l’astrologie que la botanique, Rabelais représente parfaitement les valeurs humanistes de son siècle. On le décrit donc comme un érudit mais on le dit également bon vivant. Même si son père est avocat, il est issu d'une famille de souche paysanne. Cela peut paraître paradoxal mais, chez Rabelais, cohabitent à la fois une culture savante et une culture populaire. Et ses œuvres se nourrissent des deux.
Humaniste, Rabelais est aussi évangéliste. Il s’agit d’un mouvement de libération des carcans de la religion qui, à l’époque, veut être seule à définir la vérité. Pour preuve, encore au XVIème siècle, l’Eglise défendait aux fidèles de lire La Bible. L’évangélisme, au contraire, encourage la quête individuelle du savoir, de la morale, des connaissances.
Les œuvres de François Rabelais s’inscrivent dans ce mouvement de lutte contre la scolastique représentant le courant de pensée et de philosophie enseigné dans les Universités au Moyen Âge.
En 1532, sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais, il publie le premier tome de ce que l’on peut nommer la geste rabelaisienne : Pantagruel. Deux ans plus tard, l’écrivain édite Gargantua sous le même pseudonyme. Les deux œuvres sont condamnées par la faculté de théologie de la Sorbonne. Il en sera de même pour Le Tiers Livre, publié en 1546 et Le Quart Livre datant de 1548. Il existe un Cinquième Livre, racontant la fin du voyage de Pantagruel, mais l’authenticité de cet ouvrage publié à titre posthume fait encore débat.
Jusqu’à sa mort en 1553, François Rabelais sera inquiété par la faculté de théologie de la Sorbonne. Après la publication du Tiers Livre, il doit même fuir quelques temps.