On peut s’intéresser à la phrase d‘un point de vue pragmatique. Elle s’oppose alors à l’énoncé. La phrase est une entité sémantique non actualisée alors que l’énoncé est une entité actualisée dans une situation particulière qui résulte d’un acte d’énonciation, en tant qu’il obéit à des fins particulières. Énoncé = phrase + contexte.

On peut s’intéresser à la phrase sur le plan formel, syntaxique. La phrase est alors décrite comme une suite bien ordonnée de morphèmes qui obéit aux règles de grammaire. On appelle phrase simple, une phrase qui ne comporte qu’une seule proposition. On appelle phrase complexe, une phrase qui comporte plusieurs propositions, c’est-à-dire plusieurs verbes conjugués. On peut s’intéresser à la phrase du point de vue sémantique : on la définit comme un tout sémantique (un ensemble de mots qui forment une unité de sens). Plus précisément, on pose en général que la phrase est l’association d’un sujet (ce dont on parle) et d’un prédicat (ce qu’on en dit) : la phrase est, du point de vue logique, une opération de prédication. Ex. : Le chien (sujet) aboie (prédicat). On peut aussi l’analyser comme l’association d’un thème et d’un rhème (ou propos) qui constitue l’information nouvelle. Par ex. : le facteur (thème) distribue le courrier (rhème). Cette opération est nommée « topicalisation » (ou focalisation, dans le cas où le propos est sélectionné parmi d’autres possibles : « c’est toi qui as perdu »).

La phrase suppose enfin une opération de modalisation : on oppose ainsi la phrase déclarative, interrogative, impérative, exclamative. Chaque modalité suppose une certaine construction de la phrase (un certain ordre des mots), une mélodie, une ponctuation. Enfin, sur le plan graphique, une phrase est une suite de signes définie par une majuscule initiale et un point final.

Plusieurs théories syntaxiques ont proposé des méthodes d’analyse de la phrase, notamment le distributionnalisme et la grammaire générative. Le modèle le plus célèbre est l’Analyse en Constituants Immédiats (ACI), issue du distributionnalisme. L’ACI est un mode de décomposition de la phrase jusqu’à ses unités minimales (les morphèmes). À partir de là, elle permet de dégager les constituants types de la phrase (syntagme nominal et syntagme verbal, SN et SV) à partir desquels on peut générer toutes les phrases. P → SN et SV. Une phrase P se réécrit comme addition d'un syntagme nominal et d’un syntagme verbal. SN → Dét + GN (déterminant + GN) SV → V + SN (vb + syntagme nominal)… On peut ainsi fournir l’ensemble des règles de réécriture permettant de former toutes les phrases d’une langue donnée. Ces règles sont en général représentées sous forme arborescente.