La parole est confrontée autant à sa puissance qu’à son impuissance. Le discours politique, le discours rhétorique, le discours poétique et le discours philosophique supposent l’efficacité de leurs techniques.
Le discours doit pouvoir convaincre, persuader, commander, séduire. Mais la tragédie grecque montre l’échec d’un discours qui ne peut fléchir l’autorité du destin. Les personnes se parlent, mais ne se comprennent pas (Créon et Antigone, Œdipe et Tirésias). Les poètes ne peuvent que déplorer l’indifférence et le silence de l’objet de leur amour. Les échecs de la parole témoignent de l’incommunicabilité entre les êtres.
Dans ses Confessions, Saint Augustin signale l’impossibilité pour le discours de saisir son objet : le temps, la matière, Dieu et le moi soulèvent des problèmes si complexes que le discours à leur sujet ne peut être que négatif : il se contente de dire ce qui ne peut être dit. D’où une question : la parole a-t-elle le pouvoir de dire la vérité ?