L’animal joue parfois le simple rôle d’instrument dans la littérature (les chèvres de Robinson Crusoé). Mais les écrivains ont su aussi lui confier l’expression de la plus haute sagesse. Ce sont bien sûr les Fables de La Fontaine qui, s’inspirant d’Ésope et de Phèdre, donnent un rôle prépondérant aux animaux. Ceux-ci ont pour fonction de plonger le lecteur dans un monde « fabuleux » d’animaux qui parlent et se comportent comme des humains : la fable est d’abord destinée au plaisir du lecteur. Mais les animaux doivent aussi permettre de dénoncer, sous le couvert de l’imaginaire, les vices et défauts d’une société de cour qui n’échappe pas à la satire.
Plus fondamentalement, l’animal est l’instrument d’une réflexion philosophique. La fable est un apologue, qui doit délivrer une morale : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes », écrit La Fontaine. Mais le ridicule des animaux, qui nous ressemblent à ce point, pose une question inquiétante : les animaux, dans leur conduite naturelle, sont-ils aussi fous que les hommes ? Comme le conclut La Fontaine : « De tous les animaux, l'homme a le plus de pente/ À se porter dedans l’excès ».