Que faut-il imiter ? Dans son De Pictura, Alberti, tout en déclarant que les anciens ont produit les plus belles œuvres, écrit qu’il ne faut pourtant pas imiter les maîtres, mais surtout la nature. De même Vasari, constatant la supériorité des artistes anciens, n’en écrit pas moins que Michel-Ange, maître absolu de la « manière moderne », a su surpasser les anciens.
Au fil du XVII$^e$ siècle, la belle symbiose entre le présent et le passé (Machiavel) laisse place à une tension entre l’exigence d’être fidèle aux antiques et celle d’imiter la nature ou d’être adéquat au temps moderne (modernus en latin signifie actuel).
En littérature, se déclenche la querelle des Anciens (Boileau, La Bruyère, Racine) et des Modernes (Charles Perrault, Fontenelle). La position des Anciens est complexe : selon Boileau, il faut confronter ses œuvres au « tribunal » des auteurs antiques, mais il met en valeur des idées à peine présentes dans l’antiquité : comme celle du sublime, qui trouve son écho dans les pièces de Racine et la peinture de Poussin. Les Modernes défendent la possibilité, pour la littérature, de se mesurer au temps présent : il ne faut pas simplement représenter des histoires mythologiques, mais donner aux récits chrétiens et histoires modernes le premier rôle. Cette attitude moderne sera essentielle en science et en philosophie : pour Descartes ou Pascal, il ne faut pas suivre les « livres anciens », mais prendre en considération la nature ou l’expérience pour parvenir au progrès.