Dans le Phèdre, Socrate distingue deux types de folie : 

  • une folie humaine, qui résulte d’un dérèglement du corps, 
  • et une folie divine (mania), un « enthousiasme » qui se produit lorsque la présence en nous d’un dieu dérègle le fonctionnement de la raison. 

Socrate mentionne quatre types de folies : 

  • la folie érotique (identifiée à la philosophie, comme amour du beau intelligible), 
  • la folie mantique (divination, connaissance de l’avenir), 
  • la folie télestique (liée à Dionysos, elle est connue par ceux qui sont initiés aux mystères antiques), 
  • et la seule folie poétique (inspirée par les Muses). 

Celle-ci vient combler le défaut de l’art, de la technique poétique, qui seule ne peut faire qu’un « poète manqué » : seule la folie poétique donne aux poètes les moyens de réaliser une œuvre parfaite ; la poésie n’est pas œuvre de raison, et le poète n’est que le porte-parole d’un dieu.

Si les poètes grecs et latins n’opposent pas comme Platon l’inspiration et la technique, l’invocation à la muse est un passage obligé de toute poésie : depuis Homère jusqu’à Virgile, la Muse doit fournir au poète la connaissance de ce dont il doit parler. L’inspiration donne son efficacité à la parole.