Claude Monet, Huile sur toile (48x63cm), 13 novembre 1872, Le Havre, Musée Marmottan Monet (France).
Exposée en avril 1874, à l’occasion de la première exposition impressionniste organisée à Paris par la Société anonyme des artistes peintres, cette toile de Claude Monet a donné son nom au courant impressionniste. Paradoxalement, le terme impressionnisme est, à l’origine, un mot péjoratif utilisé par un journaliste critique d’art, Louis Leroy, et qui va s’imposer, contre l’avis même des artistes…
Thème de l’œuvre
Claude Monet peint cette toile alors qu’il se trouve au Havre, avec sa femme et son fils, vraisemblablement pendant l’hiver 1872-1873. Il choisit l’un de ses thèmes de prédilection : un port symbolisant la révolution industrielle du XIXe siècle. Le thème de la marine désigne un genre d’art figuratif dont la principale source d’inspiration provient de la mer. Pour cette marine, Monet s’inspire de tableaux peints avant lui, par Eugène Delacroix, Eugène Boudin ou encore William Turner.
Historique de l’œuvre
C’est au cours de la première exposition de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, qui se déroule du 15 avril au 15 mai 1874, dans le studio du photographe Nadar, que Claude Monet présente cette toile. Lorsque le journaliste Edmond Renoir, frère du peintre, en charge de catalogue de l’exposition, demande à Monet de lui indiquer un nom autre que « Vue du Havre », le peintre lui répond : « Mettez Impression » que le journaliste complète avec « soleil levant ».
L’exposition ne reçoit pas un bon accueil de la part de la critique et le journaliste, Louis Leroy, désireux de faire un jeu de mot malintentionné, intitule l’article qui y est consacré : L’exposition des Impressionnistes. Il vient, sans le savoir, de donner son nom à un nouveau courant artistique…
Composition de l’œuvre
Sur une mer aux teintes bleu-vert, on distingue une silhouette avançant sur une barque à la godille. Une seconde silhouette se distingue moins nettement au loin, donnant une impression de profondeur. Le soleil représente la seule véritable source de lumière qui se détache nettement, par sa couleur rouge-orangé, du tableau dominé par les tons froids, dans le ciel et à travers ses reflets dans l’eau. À l’arrière-plan, dans un amas de brume gris-bleuté, se dessine le port du Havre sur lequel se distingue un jeu de verticales représentant les mâts des navires, mais aussi des cheminées d’usine. Les silhouettes des bateaux se détachent à peine du port et l’ensemble est baigné dans une sorte de brouillard, comme pour saisir l’instant avant que la lumière aveuglante du jour ne vienne faire s’évanouir cette scène à la limite de l’abstraction.
Info bonus : Ce tableau fait partie des « 105 œuvres décisives de la peinture occidentale » qui constituent le musée imaginaire, désignant un ensemble d’œuvres d’art que l’on tient pour essentielles, de Michel Butor.