La mise en scène contemporaine proposée par la troupe de la Schaubühne de Berlin rend compte de l’importance que prend la scénographie dans la lecture que désire en donner Thomas Ostermeier. Le travail avec Jan Pappelbaum, le scénographe attitré d’Ostermeier, joue un rôle déterminant sur le plan esthétique : « l’idée de base du décor est en relation avec la façon dont on lit la pièce » (propos recueillis par Sylvie Chalaye). C’est sur la traduction élaborée par Marius von Mayenburg qu’Ostermeier s’appuie, après y avoir fait quelques coupes : le texte proposé favorise le sens à la forme en passant notamment du vers à la prose. Dès lors, la pièce peut donner lieu à une lecture contemporaine de la pièce, à une transposition à l’époque moderne dans un lieu où le présent se substitue au passé.
La pièce débute in medias res par le tableau d’une fin de fête : cotillons et confettis tombent indifféremment sur la scène et sur le public, des femmes et des hommes habillés en tenue de soirée tiennent une coupe de champagne à la main et boivent accompagnés d’une musique rythmée par le son de la batterie. Il s’agit de la représentation de la cour d’Edouard IV en perdition, au sein de laquelle surgit le duc de Gloucester, difforme, vêtu d’un simple tee-shirt blanc, couvert d’un casque de cuir, portant un appareil dentaire et se déplaçant difficilement avec ses grosses chaussures noires. Le contraste met en lumière une certaine violence sociale.