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Le monde de 1945 à nos jours

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Un monde qui se bipolarise

Les deux blocs se structurent et cherchent à s’étendre. En Amérique Latine, la révolution cubaine de 1959 portée par Fidel Castro donne à l’URSS un nouvel allié aux portes de son rival états-unien ; Che Guevara diffuse les idées communistes en Amérique Latine mais aussi au Congo.

La Chine communiste s’ancre dans le bloc de l’est dès sa proclamation. Face à la crainte d’un effet-domino, les États-Unis poursuivent le containment avec de nouvelles alliances militaires : ANZUS avec Australie et Nouvelle-Zélande en 1951, OTASE en Asie du sud-est en 1954, Pacte de Bagdad au Proche-Orient en 1955, traité avec le Japon en 1951.

À l’intérieur, le maccarthysme constitue une chasse aux sorcières ciblant les communistes, et notamment le monde du cinéma hollywoodien au début des années 1950.

Les démocraties populaires sont quant à elles soviétisées. De part et d’autre, une guerre de propagande fait rage. URSS et États-Unis s’affrontent dans une course à l’armement : 1ère bombe atomique soviétique en 1949, bombe H (1952 pour les États-Unis, 1953 pour l’URS), 1ers missiles intercontinentaux soviétiques (1957).

Cette compétition se traduit aussi par une course à l’espace : les Soviétiques dominent dans un premier temps (1er satellite Spoutnik en 1957, 1er homme Gagarine dans l’espace en 1961) mais sont devancés en 1969 par les États-Unis (1er alunissage).

La rivalité concerne également le domaine du sport : de 1952 à 1988, l’une des deux superpuissances est systématiquement en tête des Jeux Olympiques.

La guerre froide se traduit par des conflits entre blocs et au sein des blocs.

La guerre de Corée (1950-1953) voit le sud soutenu par les États-Unis s’opposer au nord, soutenu par l’URSS et la Chine ; elle débouche sur la partition de la péninsule.

En 1961, le mur de Berlin, destiné à freiner l’émigration vers cette enclave occidentale dans le bloc de l’est, sépare les familles allemandes pendant 28 ans.

La crise des missiles de Cuba en 1962 part de l’installation de missiles soviétiques tout près de la Floride ; le monde échappe de peu à la guerre nucléaire.

Le téléphone rouge est installé : c’est le début de la Détente. La guerre du Vietnam, commencée en 1955, se poursuit néanmoins jusqu’en 1975 : le Sud, allié des États-Unis, est vaincu par le Nord, communiste.

Cette guerre traumatise les États-Unis et explique des manifestations pacifistes, notamment en 1968. Cette année marque un tournant avec des contestations dans les deux blocs : assassinat de Martin Luther King aux États-Unis dans un contexte de déségrégation, mouvements étudiants et ouvriers en France et en Italie, massacre d’étudiants à Tlatelolco au Mexique ; à l’est, le Printemps de Prague (Tchécoslovaquie) est brutalement réprimé par les troupes du Pacte de Varsovie.

L’affirmation de nouveaux États sur la scène internationale : tiers-monde décolonisé et Chine

Les guerres mondiales ont montré la faiblesse des colonisateurs et renforcé les mouvements indépendantistes (Parti du Congrès en Inde, Étoile nord-africaine en Algérie).

L’élite coloniale, formée en Occident, aspire à plus de libertés, conformément au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le contexte international favorable, avec le soutien des États-Unis, de l’URSS et de l’ONU, favorise cette décolonisation.

Trois grandes phases peuvent être identifiées : 1945-1955 (Asie du sud et Moyen-Orient), 1955-1964 (Afrique du nord puis subsaharienne, avec 18 États prenant leur indépendance en 1960), 1965-1990 (Afrique australe, Antilles, Pacifique).

Certaines décolonisations sont relativement pacifiques (Tunisie et Maroc en 1956) ; d’autres se font au prix de tensions ou de guerres civiles (partition de l’Inde et du Pakistan en 1947). Dans certains cas, les métropoles engagent dans de coûteuses guerres (guerre d’Indochine entre 1946 et 1954, guerre d’Algérie entre 1954 et 1962).

Les pays nouvellement décolonisés forment un « tiers-monde » et refusent la bipolarisation.

Les conférences de Bandung (1955, Indonésie) et de Belgrade (1961, Yougoslavie) fondent ce mouvement des non-alignés, porté par Nehru (Inde), Nasser (Égypte), Tito (Yougoslavie) et Sukarno (Indonésie).

La Chine s’affirme également, avec Zhou Enlaï, ministre des Affaires étrangères de Mao, qui promeut une troisième voie et cherche de nouveaux alliés.

La République Populaire de Chine, proclamée le 1er octobre 1949 par Mao, est reconnue par l’URSS et rompt son isolement progressivement : reconnaissance par la France en 1964, par l’ONU en 1971 (elle y remplace Taïwan), par les États-Unis en 1978 à l’issue de la « diplomatie du ping-pong »).

Un Proche et un Moyen-Orient sous tension

Les deux grands, conscients de l’enjeu stratégique du Moyen-Orient profitent de la crise de Suez en 1956 pour évincer les puissances occidentales et étendre leur sphère d’influence : alors que Nasser a nationalisé le canal de Suez, l’opération franco-britannique, soutenue par Israël, pour en reprendre le contrôle, est un fiasco diplomatique.

Le Moyen-Orient se bipolarise : Turquie, Pakistan et Iran dans le camp occidental (Pacte de Bagdad, OTAN pour la Turquie) ; Égypte, Syrie, Irak et Palestine côté soviétique.

Les crises répétées entre Israël et ses voisins dans les années 1960 (détournement des eaux du Jourdain) débouchent sur une nouvelle guerre.

En 1967, la Guerre des Six-Jours s’achève par une nouvelle victoire israélienne et des gains territoriaux (Sinaï, Gaza, plateau du Golan, Cisjordanie). L’ONU est impuissante.

Syrie et Égypte se lancent dans un nouveau conflit contre Israël en 1973, pendant la fête juive de Yom Kippour. Grâce au soutien des États-Unis, Israël l’emporte à nouveau. Mais le monde arabe veut faire pression sur l’Occident : l’OPEP multiplie par 6 le prix du baril de pétrole en deux mois.

Une économie mondiale ébranlée par les chocs pétroliers et le libéralisme

En 1973, suite à la Guerre du Kippour, les membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole multiplient le prix du baril par 6, provoquant la fin des Trente Glorieuses.

C’est le 1er choc pétrolier, qui voit le spectre du chômage de masse réapparaitre ; les déficits budgétaires des États-providence se creusent (dernier excédent budgétaire en France : 1974).

Les années 1980, qui font suite à un 2nd choc pétrolier (1979, suite à la révolution iranienne), sont marquées par des politiques d’austérité et de libéralisation aux conséquences sociales très diverses. Au Royaume-Uni, Margareth Thatcher privatise British Telecom en 1984 et ne cède pas face à la grève des mineurs, affaiblissant durablement les syndicats.

Ronald Reagan (1981-1989) incarne l’ultra-libéralisme aux États-Unis, tout comme son allié le dictateur chilien Augusto Pinochet (1974-1990).

En revanche, la Chine s’ouvre à partir des réformes de Deng Xiaoping (1978) qui font suite à la mort de Mao en 1976. Le capitalisme en Chine enrichit progressivement une partie croissante de la société.

Entre renouveau démocratique et émergence de l’islamisme

Dans les années 1970, l’Europe du Sud se démocratise : révolution des Œillets au Portugal (1974) qui renverse le régime des successeurs de Salazar, chute de la dictature des colonels en Grèce (1974) suite à la crise chypriote, mort de Franco en Espagne (1975).

La Grèce adhère à la CEE en 1981, suivie par l’Espagne et le Portugal en 1986 (Europe des 12).

Dans ces mêmes années, l’Amérique du Sud commence à se re-démocratiser : fin de la junte militaire en Bolivie (1982), en Argentine (1983), en Uruguay (1984), au Brésil (1985), du régime de Pinochet au Chili (1990).

L’année 1989 voit le mur de Berlin tomber, préparant la réunification allemande ; la Hongrie et la Roumanie se démocratisent la même année.

Pour l’URSS, la Glasnost (transparence) lancée par Gorbatchev a permis des élections libres à partir de 1988. Cependant, la démocratie recule à d’autres endroits du globe.

La révolution islamique de 1979 en Iran a vu le renversement du shah d’Iran, dictateur allié de l’Occident, et son remplacement par une théocratie, dirigée par l’ayatollah Khomeiny ; l’islamisme devient une idéologie politique majeure qui remplace le nationalisme et le panarabisme (promu par Nasser) au Moyen-Orient.

En découlent des mouvements politiques et armés comme le Hezbollah au Sud Liban en 1982 et le Hamas en Palestine en 1987.

En outre, 1989 voit l’écrasement de la manifestation étudiante sur la place Tiananmen par le régime chinois (au moins 1 000 victimes selon Amnesty International).

Une nouvelle hiérarchie des puissances

La chute de l’URSS en 1991 (démission de Gorbatchev) change le statut des États-Unis ; de superpuissance, ils deviennent une hyperpuissance (Hubert Védrine) ; c’est le début de la « décennie états-unienne » (1991-2001).

Les États-Unis sont alors les « gendarmes du monde ». Mais l’antiaméricanisme monte, notamment en Amérique Latine et au Moyen-Orient. La Chine s’affirme comme la 2e puissance mondiale dès le milieu des années 2000.

Les autres membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Afrique du Sud) s’affirment sur la scène internationale.

D’anciennes puissances sont reléguées comme la France ou le Royaume-Uni.

Le monde unipolaire de la décennie 1990 cède la place à un monde plus multipolaire au début du XXIe siècle, avec les attentats du 11 septembre 2001 qui montrent la vulnérabilité des États-Unis (près de 3 000 victimes) et de leurs systèmes de sécurité.

Un monde toujours plus conflictuel

La Guerre Froide ne met pas fin aux guerres : guerre du Golfe (1990-1991) avec coalition de 35 États pour déloger les troupes irakiennes du Koweït, éclatement de la Yougoslavie (1991-1999) marquée par des épurations ethniques, génocide des Tutsis au Rwanda (1994), sécession (avortée) de la Tchétchénie (1994-1996 et 1999).

De nouvelles formes de conflits apparaissent ou réapparaissent : guerres civiles (Printemps arabes depuis 2011), cyberattaques (Estonie paralysée en 2007), piraterie (Somalie à la fin des années 2000), attentats. Les attentats du 11 septembre poussent G.W. Bush à déclarer la guerre au terrorisme et aux « États voyous » qui le soutiendraient, constituant un « Axe du Mal » islamo-confucéen (Iran, Irak, Afghanistan, Corée du Nord, voire Chine).

Une coalition internationale sous mandat onusien renverse le régime des talibans afghans en 2001 ; la traque contre Ben Laden, leader du réseau Al Qaïda, se poursuit jusqu’à son élimination en 2011 par les forces états-uniennes au Pakistan.

En 2003, les États-Unis montrent leur unilatéralisme en intervenant en Irak, malgré le refus de l’ONU, pour renverser le régime de Saddam Hussein.

Cependant certains conflits se sont résolus depuis 1991 : réunifications de l’Allemagne (1990) et du Yémen (1991), fin des guerres civiles au Liban (1990) et au Mozambique (1992), fin de l’Apartheid (1991) avec Nelson Mandela (élu président en 1994 et prix Nobel de la paix l’année précédente, avec le président F. de Klerk).

La difficile mise en place d’une gouvernance mondiale

À la suite des procès de Nuremberg et Tokyo, l’ONU met en place de nouveaux tribunaux pour juger les crimes contre l’humanité qui ont pu avoir lieu dans certains conflits : Tribunal Pénal International pour l’ex Yougoslavie (1993-2017), Tribunal Pénal International pour le Rwanda (1994-2015), Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens (depuis 1997) pour les Khmers rouges.

La Cour Pénale Internationale, créée en 1998 et entrée en vigueur en 2020, permet de juger les criminels à l’échelle mondiale.

Cependant, la gouvernance mondiale reste imparfaite.

Les États-Unis font preuve d’unilatéralisme ; l’ONU est impuissante face à la Russie qui a annexé la Crimée (2014) et qui soutient la Syrie (12 vetos) de Bachar-Al-Assad ; la situation des droits de l’Homme en Chine est critique (censure, camps de concentration pour les Ouïghours).

Les États-Unis ne sont pas membres de la CPI (l’Inde, la Russie, Israël et la Chine non plus) et le président soudanais Omar-el-Béchir, premier président en activité à être inculpé, n’a toujours pas été arrêté.

Le refus des États-Unis de s’engager dans le protocole de Kyoto (1997) et la décision de Trump de quitter l’accord de Paris de 2015 visant à réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre montrent également la fragilité de la gouvernance mondiale.

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