Est généralement dit objectif ce qui est conforme à un objet et subjectif ce qui résulte d’un ajout de la part d’un sujet. Dans le domaine de la connaissance et du jugement, l’objectivité est un but, ou un idéal, qui suppose l’élimination, ou du moins la réduction et la régulation, des interventions de la subjectivité.

Mais au sens premier, est subjectif ce qui est subjectivement expérimenté. En ce sens, il y a des formes de subjectivité partagée. Qui fait l’expérience cartésienne du doute radical atteint la certitude qu’il est tant qu’il pense. Cette certitude subjective est susceptible d’être partagée par tous ceux qui font l’expérience du doute. Ce qui est subjectivement vécu peut valoir pour autrui.

Ces formes de réciprocité sont à l’origine de la notion moderne d’intersubjectivité. L’autre subjectivité ne m’est pas étrangère, le rapport à autrui est constitutif d’une subjectivité ouverte qui ne se renferme pas de façon solipsiste sur elle-même. Bachelard le dit bien : « Le moi s’éveille par la grâce du toi. »