Textile

À l'origine, le tissu sergé fut créé en France à Nîmes (denim) pour concurrencer la toile de Gênes (jean en phonétique) servant à confectionner voiles et tenues des marins. Les Génois reprirent ce tissu denim, réputé résistant, et l'exportèrent aux Etats-Unis.

L'invention du pantalon en jean serait le fruit d'une collaboration, à l'époque de la ruée vers l'or, entre Levi Strauss, fournisseur de tissus, et Jacob Davis, tailleur au Nevada, qui taille un pantalon renforcé par des rivets en cuivre aux points les plus fragiles (poches, braguette), pour des bûcherons et des mineurs. Succès puis dépôt de brevet en 1873.

À l'origine vêtement des travailleurs manuels américains fin XIXe siècle, puis vêtement emblématique des Etats-Unis, le jean s'est répandu dans le monde entier et toutes les classes sociales, sous des finitions diverses (brut, délavé, stone, neige...).

Le tartan est un tissu de laine à carreaux de couleurs. Son origine remonterait aux Celtes, qui ont peuplé l’Europe dès le 3e siècle avant Jésus-Christ avant d’être repoussés en Ecosse et en Irlande par les Romains et les peuples germaniques. 

Ce tissu, communément appelé écossais, est un motif de lignes horizontales et verticales entrecroisées, de fils de laine teints dans la masse. Les kilts écossais sont réalisés dans un tartan. En Écosse, les tartans sont associés aux clans ou familles depuis le 19e siècle : auparavant les motifs étaient différents selon les régions, ensuite les clans auraient adopté le motif de leur district. Ces motifs sont codifiés : la séquence de couleur des fils (the sett) forme un motif symétrique, qui s'inverse sur les pivots.

Le tartan de la marque Burberry est reconnaissable à ses couleurs, c’est le le Haymarket Check : séquence de 16 fils noirs, 16 blancs, 16 noirs, 56 beiges et 8 rouges.

Avant le 17e siècle, les classes aisées ne connaissaient que soieries et brocarts, et les plus modestes des toiles unies. L’arrivée en Europe des indiennes, toiles de coton peintes ou imprimées multicolores, crée la sensation. Des fabriques d’impression se créent en France, mais les tisseurs traditionnels s’insurgent et le roi interdit d’imprimer, mais aussi d’importer et de porter des indiennes. 

L’interdiction est levée en 1759. Oberkampf, graveur et coloriste, et Tavannes, financier, s’associent et montent leur entreprise à Jouy-en-Josas près de Paris. Le succès arrive vite avec la recherche constante de techniques nouvelles et la production devient la plus importante d’Europe. 

Aujourd’hui on entend par toile de Jouy les scènes monochromes sur fond écru : personnages en bleu ou rouge, avec des bosquets, des animaux, des balançoires, mais ce n’était qu’une infime partie de la production de l’époque : mignonnettes, petits motifs géométriques, ou indiennes fleuries. Cependant la fabrique décline à la mort d’Oberkampf en 1815 et cesse son activité en 1843.

Longtemps, en Occident, les vêtements rayés ont été le signe des classes sociales inférieures, réservés aux personnes qui transgressaient l’ordre social : prostituées, lépreux, criminels, bourreaux. 

À la Renaissance, on voit apparaître des rayures aristocratiques sur les manches des jeunes nobles italiens. Mais si la rayure aristocratique est verticale, celle des serviteurs reste horizontale. Pensons à la tunique rayée des prisonniers et des bagnards. 

Fin 18e siècle, la rayure devient révolutionnaire, avec la Révolution américaine en 1763 et la Révolution française en 1789. Elle devient aussi marine, car visible pour les marins tombés à la mer, et se diffuse avec la mode des bains de mer. 

Venues d'Angleterre, où elles sont appelées pinstripes, les fines rayures formées d’une succession de petits points sont baptisées « tennis » en France. Même si elles sont empruntées aux banquiers anglais du 19e siècle, c’est sur les chemises des premiers tennismen qu’elles furent connues, avant d’être adoptées hors des courts par les hommes d'affaires.